Le Cauvel
La nécessité de trouver un hébergement à une distance raisonnable nous a fait quitter le chemin pour un gite dans les communs d'un château cévenol du Cauvel.
Mais revenons un court instant à hier.
Au cours de notre déambulation dans Florac, je suis tombé devant une boutique dédiée à la randonnée . Je rentre pour voir, car mes Modestines ont bientôt 2000 kms , et je trouve un choix très satisfaisant de chaussures et autres articles utiles aux randonneurs. Je tâte, je soupèse , j'évalue , je compare ,j'essaye et je me décide pour une paire.
Ce qui fait que ce matin , j'étais Hermes aux pieds légers , ou mieux , Cupidon qui aurait remplacé sa flèche par un bâton de randonnée et son carquois par un sac à dos. A dix mètres, on pouvait confondre....
Une bonne partie du trajet de ce matin s'est fait sur une ancienne voie ferrée.
Donc profil doux, sol ferme et passages dans trois tunnels pour agrémenter l'ensemble.
Arrivé à la gare de Cassagnas, tout le monde descend , et nous devons traverser la rivière . Pour se faire un pont routier a été construit il y a bien longtemps'. Trop longtemps. Il était temps de lui refaire plus qu'une beauté. Problème, cela interdit la circulation, même piétonne.
Comme cette petite gare a été transformée en gite/café/restaurant, nous entrons pour prendre un petit noir. Nous en profitons pour demander ce qu'il fallait penser de la déviation mise en place.
La serveuse, une charmante personne, nous explique que ce matin même , elle avait traversé la rivière, la Mimente, avec de l'eau à peine à mi mollet.
A notre tour, nous décidons de traverser ici. Nous nous déchaussons.
Même si l'eau est très fraiche, heureusement les cailloux de schiste sont plats , et ne nous contraignent pas à des gestes d'équilibriste.
Apres cet exploit , nous pénétrons dans la forêt domaniale de Fontmort.
Pour accéder au gite désiré, nous ne devions pas rater un petit chemin qui s'éloigne du tracé officiel. Nous ne le trouvions pas et redoutions d'être passé devant sans le voir, le petit panonceau annoncé ayant pu être mis à terre lors de travaux de débardage .
En réalité notre inquiétude était vaine, nous n'avions pas été assez loin. Et l'indication promise était bien là et nous arrivâmes au château .
Les premières traces de ce modeste, mais élégant, château datent de la fin du XII ème siècle. La partie aujourd'hui visible date du XVIII ème .
Il abritait une petite seigneurie cévenole et aurait été dans sa plus grande expansion, une propriété de 800 ha.
Il n'a connu , depuis son origine que quatre familles, et le petit cimetière domanial abrite les tombes de quelques membres de la famille Rauzier, prédécesseur du propriétaire actuel.
L'exploitation touristique de la propriété se veut totalement écologique, proche de la nature et militante du circuit court, faisant notamment déguster les produits du jardin ou du voisinage.
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Florac
Florac
Nous voici donc à Floirac, sous préfecture de la Lozère, 2 000 habitants. Le millefeuille, dont on parle beaucoup en ce moment, ça produit des miettes.
Mais revenons au point de départ de cette belle journée , qui s'est entièrement passée dans la grande nature.
Nous n'avions pas fait vingt mètres en quittant l'hôtel que nous trouvions dèja sur une belle grimpette pour atteindre 1114 m. Mais le spectacle était enchanteur. Comme l'anticyclone de méditerranée avait décidé de nous prendre en charge, c'était un festival de bleu du ciel , du vert des prairies et du jaunes des genets, et malgré l'effort certain, nous grimpions allègrement .
Puis nous redescendîmes, de notre petit nuage (- 300 m env ) pour attaquer ce qui est en principe la dernière vraie difficulté de cette partie de notre randonnée , le " Signal du Bourgès" 1421 m..
Meme si par moment la pente est un peu raide, l'ascension se fait bien. Il nous faut évidemment nous ménager quelques pauses pour la respiration et le rythme cardiaque.
Arrivé à ces altitudes le soleil ne suffit pas à compenser le vent , glacial, que l'on rencontre sur ces sommets, mais nous disons qu'il est encore tôt, 10 h, et que plus tard et dans la vallée tout cela sera parfait.
Une petite chose me chagrine tout de meme: depuis notre départ, nous n'avons observer aucun quadrupède , à l'exception de deux lièvres , le premier jour.
J'en déduis que les nemrods du coin ne sont pas les tartarins de la vallée et qu'ils ont tué tout ce qui bougeait à cent kms à la ronde. Nous avons traversé de nombreuses forets , marché dans des zones les plus isolées et nous n'avons vu que quelques malheureuses traces de sabots de quelques chevreuils
Apres avoir franchi le point culminant de la journée , nous avons engagé une descente de près de vingt kms, ce qui a permis une moyenne de 4 kms/h
Dans la mesure où les jours féries de mai s'approchent , cela nous contraint pour les zones les plus dépeuplées, à faire une réservation , car si la région est superbe, les hébergements peuvent etre trés espacés et nous ne souhaitons pas dormir à la belle étoile.
Nous voici donc à Floirac, que nous allons explorer, rapidement afin de ne pas mourir idiots. -
Le Pont de Montvert
Le Pont de Montvert
Ce matin l'essentiel des fatigues d'hier n'était plus qu'un souvenir.
Une fois passé à la supérette , qui a eu la bonne idée de s'installer devant l'hotel, nous débutons ce qui prévu comme devant être notre Everest de cette partie du parcours. Et je vous prie de ranger vos sarcasmes .
Tout d'abord sachez que le temps est toujours très médiocre et le vent fort.
Notre altitude de départ est confirmée par des juges impartiaux à 1068 m.
Dans un tout premier temps , au dessus du village, cela monte tranquillement.
Puis apres deux kms environ, nous nous engageons sur une piste forestière qui attaque la pente frontalement. Je connais des pentes à 15% , nous sommes au delà.
Pour éviter un ravinement ravageur pour cette piste, les services techniques ont mis en place tous les 150/200 m une sorte de saillie dans le bas coté afin d'y évacuer l'eau qui s'écoule, et parfois trés fort, lors des fameux "épisodes cévenoles" . Et afin de ne pas laisser le choix à l'eau de choisir son parcours, on a surélevée le chemin, par une sorte de petite butte.
Le problème c'est que cette petite butte, le piéton doit , lui, la franchir.
Nous arrivons dèja un peu fourbus à la station de ski du mont Lozère (1421 m )
Jusque là la foret nous protégeait du vent , ce n'est plus le cas .
'Dèja vêtus d'un sous vêtement , d'un sous pull un peu épais, et d'un gilet polaire, léger, nous enfilons notre cape afin d'avoir une couche supplémentaire .
Nous progressons maintenant en terrain découvert, sorte de lande d'altitude, jalonné par des montjoies. Il s'agit de poteaux de grès taillés, émergeant d'environ deux mètres et qui délimitaient le domaine des Hospitaliers de St Jean de Jerusalem
Nous suivons ce balisage pendant plusieurs kms.
Le vent souffle toujours fort, le brouillard est mainténant suffisamment épais que l'on n'ait pas plus de 100 m de visibilité.
Progressivement du givre apparait sur les sapins rabougris , et de la neige forme une sorte de marbrure au sol.
Nous finissons par accéder à un point où il est conseillé de tourner en cas de brouillard et de neige. Dans la mesure où nous avons les deux, nous suivons le conseil.
Cela nous conduit au mont Finiels , point culminant du mont Lozère, 1699 m
Dans le brouillard , je ne vois pas le balisage et nous engageons à droite d'un bâtiment en ruine, croyant voir au sol des traces de cheminement.
Je m'égare, puis en voulant corriger ma position, j'oblique à droite, à droite, toujours à droite, je me retrouve sur ma trace d'origine et surtout j'aperçois un court instant un bipède . Mais dèja le brouillard l'a fait disparaitre.
Nous reprenons notre marche, cette fois ci, dans le bon sens et retournons à cette maison en ruine, et j'aperçois alors, à gauche , cette fois, la balise qui m'avait échappée .
Et par la même occasion nous retrouvons le fantôme que nous avions vu quelques instants auparavant .
Avant de savoir quelle direction prendre , il faut savoir où l'on est!
Nous cherchons dans le brouillard une indication indiscutable, qui pourrait être la borne géodésique évoquée sur la carte. Nous finissons par la trouver, minable petite plaque de ciment quasiment recouverte par la végétation.
Nous quittons ce sommet avec notre compagnon de rencontre que nous quittons un peu plus bas sur le versant sud où la visibilité était redevenue normale.
Au cours de notre descente, nous passons au hameau de Finiels, ce qui nous donna l'occasion de voir une particularité locale, un cimetière privé.
En effet, après la révocation de l'édit de Nantes, les protestants qui ne voulurent pas abjurer, ne pouvaient plus être enterrés en terre consacrée.
En conséquence, ils furent dans l'obligation de trouver d'autres solutions . C'est ainsi que l'inhumation dans l' espace privé, champ, jardin de propriété se développa .
Aujourd'hui cette possibilité est toujours admise et le petit cimetière du hameau de Finiels , où j'ai compté douze tombes, est la dernière demeure de la famille Pantel
Nous arrivons au Pont de Montvert (875 m) à 14 h. Nous descendons à l'auberge des Cévennes, comme R.L.S.