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  • Kilenche

    Kilenché , en français , le tapis fleuri. 2300 m/alt

    Aujourd’hui le parcours est entièrement pédestre.
    Nous quittons la famille qui nous a accueilli et traversons en partie le village. Chaque maison est dotée d’une parcelle de terrain assez vaste , ce qui fait que le village est étendu. La rue dans laquelle se trouve notre hébergement mesure dix mètres de large dont un mètre de chaque côté est enherbé.
    C’est une grande ligne droite , occasionnellement bordée de peupliers, dont le pollen s’imagine en confettis de la mariée.
    Chaque parcelle est délimitée par une clôture de bois ajourée que l’on trouve communément. Elle est plutôt destinée à un jardin potager, car à la grande époque il fallait survivre, et la maxime était : «  on fait semblant de travailler, ils font semblant de nous payer « .
    Les maisons n’ont que rarement l’occasion d’afficher la richesse de leur propriétaire, les toits sont presque toujours en tôle ondulée en fibrociment.

    Nous nous faufilons entre les propriétés, enjambons des ruisseaux ou des canaux destinés à l’arrosage des jardins.
    Un canal plus large que les autres nous oblige à nous déchausser et à traverser pieds nus, les informations reçues nous assuraient la fin des gués.
    Nous passons devant un cimetière et nous nous étonnons auprès d’Elvira de leur nombre , au moins trois dans notre champ de vision, sans compter les mausolées dispersés dans la nature. Elle n’a pas de réponse à notre interrogation, mais il me semble que la place accordée à chaque défunt soit assez large.
    Nous remontons une vallée secondaire parcourue par un petite rivière, qui assure bravement son rôle d’irrigatrice, par le truchement de canaux qui viendront inonder cette vallée de prairies .
    Après le repas nous quittons la vallée pour un vallon qui nous conduit vers la montagne et les jaïloo , pâturages d’altitude très appréciés des éleveurs et bergers.
    Comme nous marchons nos cinq heures quotidiennes, notre musculature retrouve sa tonicité et son efficacité.

    Nous arrivons à Kilenché, l’orage menace. Arrivés à la tente ça dégringole à tout va.
    Mais trente minutes plus tard , la douceur du soleil était de nouveau pour nous.

    Cela nous permet de voir et d’observer le travail et même le ballet des bergers et des troupeaux. À nos pieds coule un ruisseau peu profond , mais un peu large et selon que vous soyez cheval, bovin ou mouton , et même si l’herbe est bien verte sur l’autre rive , le franchissement est plus ou moins facile.

    Les montagnes qui nous entourent ne sont pas si impressionnantes que cela , en dépit du fait qu’elle doivent culminer vers les 3500 m, mais les cimes sont arrondies, leur conférant un caractère aimable. Et de voir les troupeaux surgir d’un vallon ou d’un autre , aseptisés par la distance, confère à ce lieu, pourtant grandiose, un côté bergerie du petit Trianon.

    Le soleil brillant toujours avec ardeur, le pique-nique du soir s’annonce inoubliable.

  • Kyzart

    Kyzart

    Je vous ai quitté hier soir sur une pluie battante.

    Ce matin est soleil est radieux et nous prenons notre petit déjeuner avec la voûte bleue au dessus de nos têtes.
    Et comme dans les bons westerns, le bivouac se fait à proximité du point d’eau. Et qui dit point d’eau , dit point bas.

    Notre première action est de traverser pour une ultime fois la rivière . Le niveau de l’eau à ,me semble t’il, encore baissé , ce qui devrait faciliter le franchissement. Je remets les chaussures prévues pour cela , me jette à l’eau, et oubliant mes belles réflexions de la veille sur le passage en biais pour aborder une rive ferme, je m’engage sur la rive en face.
    Elle paraissait belle et sans mystère . Elle fut traîtresse au possible, m’enfonçant dans la vase jusqu’à la cheville . Evelyne , en épouse fidèle me suivit, et obtint le même résultat.

    Le programme de la journée prévoit que nous changions de vallée pour retrouver la voiture. Pour cela nous devons gravir 600 mètres de dénivelé, sous le beau soleil . Dans cette zone il n’y a pas de route , uniquement des chemins muletiers. Des pauses sont nécessaires pour permettre au palpitant de retrouver un rythme à peu près normal.
    Après plus de deux heures d’effort , nous rejoignons une piste carrossable, puis plus loin une petite ferme. Cela serre un peu les tripes quand on observe , rapidement, le dénouement de ces bergers. Loin de tout, ils sont tributaires des gens de passage.
    Nous poursuivons notre descente et retrouvons Kanas qui a préparé le couvert.
    Elvira se charge de confectionner la salade composée . Mais à peine à table , le ciel se charge de gros nuages gris foncés, et quelques petites gouttes commencent à tomber. Maintenant le tonnerre donne de la voix. Il tourne autour de nous, et à la bonne idée d’attendre que nous ayons replié les éléments du pique-nique pour accélérer la cadence.
    Remis en route , nous faisons de même.

    Voyant la pluie tombée , Talant vient à notre rencontre .
    Le cavalier nous rejoint et nous transférons le contenu des bâts dans la voiture.

    Nous terminons cette descente dans le plus grand confort et nous atteignons la quatre voies. Nous poursuivons vers l’est pendant un petit moment avant d’obliquer vers Naryn puis rapidement de nouveau vers Kochkor.

    Nous nous arrêtons trente minutes à Kochkor pour faire des courses et reprenons la route pour Kyzart
    Talant nous explique les règles applicables ici , en raisons du passage des transhumances. Les espaces ne sont pas clos, en cas d’accident avec un animal, le conducteur est responsable et les agriculteurs ne doivent pas semer avant la date indiquée, sinon les dégâts causés par le passage des troupeaux seraient à leurs charges. Mais les troupeaux ne doivent pas rentrer avant la date ultimes des récoltes. Ce système n’est pas défavorable aux agriculteurs, car au delà de l’ameublissement du sol, il permet la livraison gratuite de tonnes de déjections animales que les dizaines de troupeaux qui passeront à l’aller et au retour chaque année, fertilisant ainsi les sols.
    Et effectivement nous voyons de nombreux troupeaux se diriger vers les « jailoo « ,pâturages d’été.
    Nous arrivons à Kyzart, où nous allons passer la nuit. Ce sont des particuliers qui nous reçoivent .
    Nous sommes à la campagne et ce village s’étend dans la vallée alluviale aux pieds des montagnes. La maisonnée est de plain pied, et des travaux d’agrandissement sont en cours.
    Ici l’hiver est très rude et pour pallier cet inconvénient, il y a un poêle rond encastré dans le mur, rayonnant ainsi simultanément dans deux pièces .
    En outre ici le tapis est roi. Il se trouve évidement par terre parfois sûr plusieurs épaisseurs, mais également sur les murs où ils servent d’éléments décoratifs mais aussi pour l’isolation.

    Autre élément dépaysant, un système de bain russe. Une petite pièce déjà bien chauffée qui sert de vestiaire, puis vous rentrez dans la pièce de bains proprement dite. La chaudière à bois procure une eau brûlante et une bassine d’eau froide. Vous avez le choix de vous asperger avec un instrument qui ressemble à une casserole, avec l’eau chaude , puis l’eau froide. Où vous pouvez utiliser une cuvette pour obtenir un liquide plus conforme à nos standards. L’eau coule sur le sol en ciment et disparaît.
    Cela peut sembler de prime abord un peu rustique, mais cela répond complètement à son objet.

    Pour le dîner la maîtresse de maison avait confectionné des raviolis, sous forme d’aumônières. C’était très bon.

  • La rivière Konorchoc

    La rivière Konorchok .La rivière blanche.

    Nous quittons la famille qui nous a reçu , non pas à l’heure du laitier, mais à celle du collecteur de lait. Il a une citerne, pas bien grande, sur le plateau de sa camionnette et il va , par la piste, de yourte en yourte, récupérer le précieux liquide blanc. L’ainée des fillettes est allée lui faire signe, pour qu’il monte jusqu’ici.
    Comme la veille, nous étions un peu descendus, notre première tâche est de regagner l’altitude perdue. Maintenant que nous sommes un peu rodés cela se fait sans aucune difficulté.
    Nous progressons sur un plateau et le rythme est alerte. Nous avions été informés que c’était la journée des gués, nous étions vêtus en conséquence.

    Et voici le premier.

    Nous sommes sur un plateau de terres rouges et le torrent charrie sa dose de limon ocre et comme dans le secteur où nous sommes la fonte des neiges est déjà avancée, les bords morts sont envahis de boues rouges et les bords vifs sont marqués par une marche un peu haute aussi bien pour descendre dans l’eau que pour en sortir.
    Le premier franchissement se fit donc avec circonspection , d’autant plus que l’on ignorait à quelle température de l’eau il fallait s’attendre.
    Nous approchons, nous jaugeons le caractère vaseux des rives et supputons le relief du lit en fonction des remous.
    Il faut bien se décider et nous décidons .
    L’eau n’était pas si froide que craint et la profondeur des plus raisonnables.
    Et comme notre parcours consistait à descendre le canyon, rien que le matin nous avons été amenés à franchir le cours d’eau une douzaine de fois.
    En short et avec des chaussures adaptées que l’on avait été encouragé à prendre , les traversées suivantes se sont déroulées avec beaucoup plus d’allant.
    Avec l’heure du pique-nique arrive la pluie. Rien de sévère , mais des gouttes qui finissent par mouiller quand même. Nous trouvons refuge sous les frondaisons des arbustes se trouvant opportunément là.
    Malgré les circonstances un peu défavorables, un repas sympathique est servi.
    La pluie ne cesse pas pour autant, mais ses caprices sont très variables.
    Nous poursuivons notre progression dans le Colorado kirghize. Nous reprenons nos changement de rives. La pluie commence à rendre la poussière de laterite particulièrement collante aux chaussures et finalement les passages dans l’eau d’un inconvénient sont devenus un avantage car cela permet un nettoyage des semelles et parfois plus.
    Nous arrivons au confluent de notre rivière rouge et d’une rivière blanche,qui ne traverse probablement que des zones rocheuses. C’est d’ailleurs elle qui va nous fournir notre eau, après, quand même une pastille de Micropur.

    Kanas, le cavalier et Madé , le guide assistant, nous ont précédé pour monter les tentes sur un promontoire qui surplombe les deux torrents.(tentes qui nous avaient été livrées la nuit précédente par Talant, car l’endroit où nous sommes, étant totalement inaccessible en voiture )
    Comme nous avons retrouvé un rythme très satisfaisant, nous arrivons un peu avant 16 h, ce qui permet le service du thé, servi sous une pluie battante, digne d’une mousson.