Pazin

Pazin

Je parle rarement dans le compte rendu du jour de la ville étape, car je fais ce document juste après la douche et avant ce petit tour en ville qui me permettra de me forger une opinion et vous la relater.

L'Istrie centrale est assez vallonnée et beaucoup des petits villages se sont installés sur le sommet des collines , parfois sur des quasi belvédères.  Ailleurs l'influence de la présence d'un cours d'eau peut être prépondérante pour l'installation d'une ville ou d'un village.

Mais ici la nature karstique du sol fait que l'eau ne circule pas en surface, mais s'infiltre dans le sous sol (voir les Causses)  Donc c'est plutôt une histoire politique et religieuse tourmentée qui a conduit ces villages sur les hauteurs. Et maintenant nous, pauvres randonneurs, naviguons  entre les niveaux de 10/20 m à 200/400m selon les endroits . Mais honnêtement ces efforts sont toujours récompensés par la vision de superbes petites places, avec souvent des bars débordant le terre-plein , les parasols protégeant les consommateurs  , des églises ou des chapelles des XIV ou XV ieme siècle.

 Bref Motovun où nous étions hier soir avait toutes les traits évoqués ci dessus, mais en plus un château fort pour couronner la colline, château fort transformer en partie depuis très longtemps àdes usages civils, dont un hôtel.

 

 

 Petit passage réservé aux hédonistes et autres épicuriens: Cette région se présente comme une grande région truffière , et comme la carte du restaurant en proposaientt pratiquement avec chaque plat, nous n'avons pas résisté très longtemps à nous offrir cela. De plus le niveau des prix nous étant favorable, je peux vous confirmer que le cuisinier n'avait utilisé un trébuchet pour peser les copeaux.....

Ce matin départ matinal 7.15 , après un petit déjeuner americano- britannique très apprécié, dans la mesure où les deux jours précédents nous avions fait, à notre corps défendant , l'impasse sur ce repas.

Ciel sans nuage et itinéraire facile. Ce qui nous a permis de faire un crochet à Peram voir une superbe chapelle avec de magnifiques fresques du XIVieme , protégées pendant très longtemps par un badigeon de chaux blanche . Ce n'est qu'en 1913 qu'un éru

dit local eu l'idée de gratter un peu et trouva ces merveilles . On y retrouve un condensé des évangiles , mais chaque "tableau" à la patte du maître.  

La visite de cette chapelle qui se trouvait hors du village, nous a permis d'atteindre le but de notre étape par un chemin blanc ,via blanca dans la langue locale, car ici l'italien est très pratiqué, Venise vous dis je. Même les panneaux directionnels ou les panneaux d'entrées de ville sont bilingues. Idem pour l'Istrie Slovène. Enfin , je vous confirme que l'on efface pas l'histoire d'un trait de plume. Nous avons rencontrer, sur le chemin, nombre de gens qui voyant que nous ne parlions pas très bien italien, nous ont proposé de poursuivre en allemand. Pour mémoire la Croatie faisait, pour sa modeste part, partie des forces de l'Axe.                                                                                                                                                             

        

                              Pazin, 4400 habitants ,                 première ville depuis notre départ de Trieste!!,                              mais c'est dimanche et cela ne met pas beaucoup de gens dans la rue..

Dernière info sur Pazin, ils sont fous de Jules Verne. ???? La raison en est la suivante: dans son roman "Matthias Sandorf", le héros , natif du coin, est enfermé dans la forteresse. Il parvient a s'en échapper grâce à une rivière souterraine (massif karstique évoqué plus haut) Un scientifique croate,  intrigué par cet épisode, a voulu confirmer la possibilité d'une telle aventure. Cela a été confirmé par une expérience , et valu ici  à J.Verne la gloire due aux précurseurs .

Après la femme ...

Après la femme qu'a vu l'homme qu'a vu l'ourse, direction Motovun  (Croatie)

Pour en finir avec la journée d'hier, nous vous recommandons l'hôtel Razman à Gracisce. Vous ne devriez avoir aucun mal à le trouver il est sur la route et il n'a pas de concurrent. 62€ pour la chambre (petite), le dîner et quatre bières avec ,ce qui ne gâte rien , un service efficace et aimable.

Avec grand regret nous partons avant le service du petit déjeuner , pourtant très largement plébiscité sur livre d'or de la maison .

 Vous savez probablement que nous privilégions les plus petites routes possibles, avec une nette préférence pour celles qui sont quand même indiquées sur la carte au   200000eme  que nous utilisons.  Ceci nous conduit donc sur les 10 heures au poste de la frontière slovèno- croate, établi sur une petite route qui nous conduit là où nous voulons aller. Le dernier village slovène étant déjà à quatre kilomètres . Le fonctionnaire en faction refuse de nous laisser passer au motif que la modestie de son installation n'est conçue que pour le trafic des locaux. Je tente de lui expliquer que du fait de l'entrée de la Croatie dans l'Europe depuis le 1er juillet dernier, avait surement fait évoluer les 

règles, que nous sommes à pied et que nous ne pouvons pas faire un détour de près de 15/20kms pour accéder à un "grand" poste frontière . Rien. Je demande à ce qu'il appelle un gradé. Réponse : les gradés ne travaillent pas le samedi! Dans la mesure où cela fait déjà un quart d'heure que nous sommes là,et que les esprits commencent à s'écha

uffer , nous entamons une retraite stratégique.

Mais nous sommes dépités et notre esprit gaulois piqué au vif. Je convainc Evelyne, après avoir  franchi le virage qui les empêche de nous voir, de prendre le petit sentier vers l'ouest, sachant que la direction optimum est plein sud. Evelyne veut que nous allions assez à l'ouest pour ne pas être repérés et moi vers le sud pour franchir effectivement la frontière. Je me laisse fléchir et  nous franchissons des vallons pleins de ronces et de bois mort, nous descendons et montons avec quelques difficultés dues aux conditions du terrain et du poids des sacs. Je finis par avoir une épine dans le lobe de l'oreille.

Au bout de quarante cinq minutes d'effort, nous arrivons enfin à un pet

Cette petite plaisanterie a bien du nous coûter 5/6 kms. Nous espérions réduire la distance aujourd'hui puisqu’hier nous avons finalement dépassé  les 30 kms Nous avions prévu 28 cela finira probablement 33 ou plus, mais avec beaucoup de relief et une chaleur plus prononcée . Nous terminons à Motovun après une belle côte de 3,5 kms et un certain épuisement .it hameau ....slovène . Trop à l'ouest, pas assez au sud. Moment de crise, explication franche, proposition de changer la donne de main... La raison reprend le dessus et nous recherchons de nouveau un début de sentier qui pourrait traverser la frontière . Heureusement pour tout le monde cette partie était un peu plus facile que pour la première tentative, mais je restais avec la boussole en main afin de décourager toute tentative d'obliquer vers l'ouest.

Impératif demain maxi 25kms.

Pierre

Gracisce

Gracisce

 Les prévisions météo régionales aperçues indiquaient la probabilité de quelques gouttes et d'une température de 40°. Tout ceci militait pour un départ très matinal et à 6h15 nous étions sur les trottoirs   triestins.

A l'occasion du passage devant une pharmacie, le thermomètre affiche déjà 2

7°. Nous quittons difficilement la ville car dans la mesure où elle est construite au pied des collines elle s'étend beaucoup en largeur. Nous passons à Caresana, petit village perché sur les hauteurs et faisant ici office de village frontière .

Nous pénétrons   dans cette partie de la Slovénie et de la Croatie qui s'appelle l'Istrie. Elle forme une large péninsule.  Notre projet ne prévoit pas de longer la cote, mais au contraire de couper à travers le pays . Ce qui signifie un pays trè

s vallonné , très boisé et peu peuplé. Ce qui implique  ravitaillement inexistant et hôtels rares. Notre objectif du jour est Hrastovje.

Par précaution j'avais demandé à notre hôtelier de Trieste si nous pouvions escompter un hébergement . "pas de problème " nous avait il répondu .  Nous arrivons sur place à 12h15. Ce qui m'a beaucoup étonné , car j'avais le sentiment que nous étions en rodage . Mais la chaleur annoncée n'était heureusement pas au rendez vous. Par contre l'église et les fresques étaient elles , bien là! Dans la mesure où cette église est ceinte d'un mur, la faisant ressembler de loin à un château fort, avait peu de chance de s'envoler, nous souhaitons régler la question du déjeuner et subséquemment du  couchage. Les deux endroits possibles pour les repas étaient fermés et il n'y avait rien pour le couchage.

Visite de l'église , sollicitation d'un local pour remplir la gourde et concertation sur la conduite à tenir. Les cartes sur les genoux , un oeil sur les cartes affichées par l'office du tourisme (fermé) Nous sommes dans une région karstique, c'est à dire essentiellement calcaire. Les petites vallées peuvent être  parallèles, mais il faut franchir un dénivelé de 200 m généralement extrêmement pentu.

 Nous arrêtons notre choix sur Gracisce qui se trouve à notre niveau mais dans une autre vallée. Sur un des plans exposés, un sentier proposé permettait de réduire la distance de deux tiers environ 2/3 kms au lieu de 8 kms. Sans garantie de trouver un hébergement !! La première partie du parcours est bien balisée. A un moment donné , nous devrons quitter ce chemin pour un sentier. Comme c'était prévisible nous n'avons pas trouvé ce second sentier, mais la suite montrera que c'était très bien comme cela.

Donc nous poursuivons le chemin balisé jusqu'à une route un peu trop passante à notre gout ...mais c'est sur ce genre de route que l'on trouve les services les plus recherchés y compris par nous. Comme il était quand même 14h30 et que nous avions déjeuner d'une barre de céréales , nous arrêtons dans une "gostilna" où nous prenons une tarte aux figues et coca/ eau gazeuse selon les goûts  Rassasiés, désaltérés , nous repartons. Cinq cents mètres plus loin nous sommes hélés depuis un balcon. Nous ne saisissons pas  le message. Une jeune femme descend jusqu'à nous pour nous dire de ne pas pénétrer dans les  bois avoisinants, une ourse s'y trouve et que , même sur la route nous devons être attentifs. Cette bête était venue très récemment dans le jardin de ces gens. Une heure plus tôt nous cherchions comment traverser  cette forêt. Nous suivons le conseil à la lettre et arrivons un peu plus tard à Gracisce où se trouve une auberge.

La seule chambre disponible est pour une seule personne, mais après 31 kms pour un premier jour, nous n'allons pas faire les difficiles, d'autant plus que le lit doit faire 130 cms et qu'il y a quelques temps c'était la norme.