Ponta do sol
Nous poursuivons notre chemin, vers le point le plus au nord de l'ile.
Pour cela, il ne nous faudra pas très longtemps car les deux agglomérations ne sont distantes que 7/8 kilomètres . Cette route est une voie sans issue. Même les aluguers sont rares, c'est peu dire.
C'est petite ville dynamique qui a connu un destin particulier. En effet c'était la ville des arrivées aériennes . Mais la situation de l'aéroport, construit sur l'extreme pointe de la cote , ne permet aucun allongement de la piste. Comme en outre, pour faire face à la croissance du trafic, la compagnie cap-verdienne a choisi des avions plus importants nécessitant des pistes plus longues, la desserte de l'ile n'est plus assurée que par le ferry, mais qui arrive au sud!!
La ville est bâtie sur une colline qui descend en pente vers la mer, assurant à la plus part des constructions une vue plus ou moins grande sur le large.
Nous visons un café et observons les allers et venues des uns et des autres. Nous consultons notre guide, et je vois sur la façade , qu'il est écrit "Wifi gratuit" , ce qui nous parait un argument extrêmement convainquant .
Mais , depuis la terrasse où nous prenons un café, cela ne fonctionne pas!!
Nous prenons néanmoins une chambre et déposons nos bagages. Ainsi allégés, nous pouvons explorer les abords plus ou moins immédiats .
Ceci nous conduit d'abord vers le centre du village et passons devant l'église. L'office vient de se terminer. Une petite foule se disperse sur la place. Nous en profitons pour jeter un coup d'oeil dans l'édifice . Si l'extérieur présente une simplicité de bon aloi , l'intérieur est relativement banal. D'ailleurs , la dévotion me parait bien plus mesurée ici que dans le monde hispanique ...
Nous reprenons notre déambulation et un conducteur d'aluguer nous entreprend dans un français impeccable et nous parlons des choses à voir, des choses à faire. Nous lui demandons où nous pourrions diner de produits de la mer. Il nous indique un établissement , plus loin sur la gauche.
Nous descendons vers le petit port, attaqué en permanence par la houle. Il permet un petit havre pour les embarcations de pêche. Les bateaux sont suffisamment petits pour être remontés à sec.
Nous apercevons alors le bleu de la devanture du restaurant que l'on venait de nous conseiller. Le conducteur de l'aluguer nous y avait précédé.
Nous expliquons notre souhait à la petite serveuse, qui avait quelques difficultés à nous comprendre. Notre ami prend les choses en main. Comme nous nous posions la question de réserver , il nous fait remarquer qu'il n'en reste que quatre et que peut être, à midi , elles pouvaient être vendues . Et comme nous sommes dimanche et que la mer n'est pas calme , les pêcheurs ne vont pas sortir . Nous comprenons le message et avons même, déjà commandé le mode de préparation .
Ceci fait, nous prenons la direction de Fontainhas, un petit hameau le long de la cote , vers l'ouest. C'est une balade exploratoire car demain nous reprendrons le même chemin, mais que nous poursuivrons plus à l'ouest.
Donc finie la route classique du Cap-Vert, celle-ci s'est transformée en un chemin carrossable , mais à voie unique. Ce qui offre des situations un peu étonnantes pour nous. Un pick-up fait le plein d'eau dans une citerne de mille litres. Mais l'eau ne coule de la cuve que par un filet et ce remplissage dure un certain temps. Les rares voitures, dans un sens ou dans l'autre , patientent, jusqu'au complet remplissage.Nous nous faufilons entre la paroi et le pick-up et poursuivons notre chemin. Le parapet est régulièrement endommagé/emporté par des blocs de pierres qui chutent de la paroi. Mais pas aujourd'hui.
Nous arrivons à Fontainhas, hameau accroché à la paroi, mais qui possède néanmoins deux petites alimentations et un bar où nous avons pris la cachupa locale et une infusion (appelée ici , thé) .
Ce chemin offre des dénivelés hectométriques voire pluri-hectométriques , ce qui nous décourage de faire une grasse matinée demain.
Nous passons une partie de l'après midi à récupérer un peu et le soir venu, nous nous sommes dirigés vers le restaurant pour voir la mine de nos langoustes .
Elles l'avaient fort bonne et furent appréciées à leur juste valeur. (La fois précédente, c'était en compagnie de deux de nos lecteurs, mais ce n'est pas à ce dernier titre qu'ils avaient participé à cette dégustation!!)
Pour rester dans la couleur locale nous les avons accompagnées de rhum. Cette association est assez sympathique, mais je n'ai pas d'ordonnance de renouvellement
En avant , toute - Page 114
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Ponta do sol
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Ribeira Grande
Ribeira Grande
Ce matin , nous n'avons pas quitté la distillerie sans biscuit, mais ce n'est pas du tout ce que vous pouvez avoir en tête .
En fait, nous avons eu droit à un petit déjeuner pantagruélique , dont nous n'avons consommé qu'une petite partie. Mais nous avons pu bénéficier de la "capucha" petit déjeuner traditionnel du Cap Vert. Cela se compose de maïs de haricots blancs et rouges et pour la viande cela peut être assez varié, ce matin une saucisse très finement découpée et des dès de porc , le tout accompagné d'un oeuf au plat.
Pour compléter , nous avions un yaourt, une pomme, du pain, du fromage et un gâteau.
C'est seulement la perspective d'une belle journée de sport , qui nous a encouragé à dépasser notre ration quotidienne.
Nous payons notre écot , une somme dérisoire et partons.
Nous devions emprunter la route pendant deux cent cinquante mètres , puis attaquer le chemin qui devait nous conduire à la cova de Paùl, un cratère situé au dessus du village.
A cet instant un conducteur d'aluguer nous appelle et veut nous dire quelque chose. Il avait été renseigné à la distillerie de notre projet et si nous n'envisagions pas de nous faire conduire au cratère, nous serions surement heureux de nous faire rapatrier sur la cote, après une ascension de 1000 m de dénivelé et dans la perspective d'un retour de 25 kms. Comme pour lui , et bien d'autres, tout ceci n'a aucune signification , nous avons accepté de prendre ses coordonnées téléphoniques pour l'appeler en cas de nécessité .
Et nous attaquâmes la montée . A part quelques rares endroits où le chemin a été dégradé par des travaux en cours , ce fut deux heures d'une montée sans histoire, le chemin, pavé comme il se doit ici, ne faisant que rarement mois de deux mètres de large.
Le poids des ans et celui du sac nous obligent à des arrêts réguliers , mais cela passe.
Arrivé en haut, le cratère offre une belle circularité avec au fond un superbe espace agricole. Beau contraste en un ciel limpide , d'un bleu intense et le vert de la couronne de pins qui coiffe les lèvres du cratère .
Le chemin nous fait descendre quelques dizaines de mètres pour traverser et ressortir de l'autre coté.
Nous retrouvons, de loin, un grand nombre de randonneurs qui vont faire le chemin inverse du notre, après s'être fait déposer au sommet par un véhicule.
Nous entamons la descente vers Ribeira Grande , notre objectif du jour.
La nature volcanique de cette ile offre des points de vue incroyablement beaux et sauvages. La route pavée est bordée d'aloès, de mimosas, d'échiums et de lantanas en fleurs
Si le cratère de Paùl est parfaitement régulier , les différentes éruptions ont modelés un paysage tourmenté offrant des vues vertigineuses. Et je peux vous dire qu'en matière de vertige, j'en connais un rayon.
Par moment la route épousait parfaitement la crête jointive entre deux sommets, à pic de 200/300 m de chaque coté. Comme la circulation est limitée dans cette zone, je marchais au milieu de la chaussée pour ne pas voir , l'imaginer me suffisait amplement, le précipice . A force de marcher sur la ligne continue , qui d'ailleurs n'avait pas été tracée, nous avons fini par arriver à destination.
Le guide présentait Ribeira Grande comme la perle de Santo Antão. Je crois que mon prochain roman aura comme sujet la construction locale.
Bref , nous cherchons un hôtel potable dans la mesure où la nuit précédente ne nous avait pas ruiné.
Nous mettons la main sur cet établissement , et à peine avais-je débité mon petit baratin que la réceptionniste nous donne la clef du 12. Elle écarte aussi la question du règlement et des formalités .
Néanmoins elle nous accompagne à la chambre 12. Surprise , des bagages sont encore là, mais elle repousse dédaigneusement cette remarque. Il faut dire qu'elle ne parle correctement aucune langue connue par nous.
Comme nous sommes fatigués et plus très lucides, nous restons dans la chambre et prenons notre douche. Ceci fait ,je retourne la voir pour essayer de comprendre quand les bagages seraient retirés . Je vous passe les palinodies et elle fini par comprendre que nous n'avons rien à voir avec les occupants légitimes ( et français ) de cette chambre.
En deux temps et trois mouvements nous nous propulsons dans la chambre voisine, qui elle,est inoccupée . -
Pierre -
Manuel dos Santos
Paùl, Cha de Manuel dos Santos
Pour ceux qui ont l'amabilité de nous suivre à la trace, il s'agit d'un hameau au sud de Paùl à cinq ou six cents d'altitude selon l'endroit où l'on se trouve.
Apres un sympathique petit déjeuner en terrasse au second étage et sous la frondaison d'un autre bougainvillée , nous prenons la route vers la montagne. Dans les premiers kilomètres nous sommes très sollicités par les "aluguers" qui nous proposent de nous propulser sans effort pour n'importe quel ailleurs. Mais cela est toujours fait de façon légère et sans jamais insister.
Il s'agit aujourd'hui d'une très belle route pavée de blocs de basalte et elle suit la ribeira de Paùl.
La chaleur et de l'eau, vous pouvez imaginer que chaque lopin est exploité. Et même le lit du cours d'eau est mis à contribution pour venir y chercher la terre arable qui a pu y trouver refuge après avoir été arrachée à la montagne par les pluies de l'automne, ou perdue par des parcelles situées plus en amont.
Cultures vivrières, bien sur, mais aussi canne à sucre dont la récolte est en cours, bananeraie , où ont trouvé refuge des papayers. Et papyrus pour le décor . Plus haut, toujours des bananes, des cannes ,des caféiers et goyaviers.
L'agriculture de montagne impose des parcelles trés petites pour ne pas dire microscopiques et disposées à flanc de montagne. En Provence, cela est qualifié de restanque, si je ne me trompe pas.
Nous arrivons au hameau de Cha de Manuel dos Santos. Toujours la même préoccupation immédiate, trouver un hébergement . Non pas que notre heure d'arrivée rendait cette question vitale, car il n'était que onze heure, mais nous avions hâte de déposer nos sacs afin de rayonner les mains dans les poches.
Ici pas d'hôtel , mais deux guest houses à la capacité évidemment restreinte et si restreinte qu'elles n'ont rien de disponible pour ce soir.
A la seconde tentative, le gérant , nous suggère d'aller voir à la distillerie. Ce que nous faisons dans l'instant.
Elle se trouve fort logiquement au milieu de champs de cannes, mais n'imaginez pas un bâtiment comme on peut en voir parfois sur les étiquettes des bouteilles de rhum des Antilles par exemple, qui rivalisent avec l'esprit château du bordelais. Ici c'est beaucoup beaucoup plus modeste, disons plutôt une distillerie artisanale .
L'accueil y est chaleureux et la distillation bat son plein et d'ailleurs les tours opérateurs et les aluguers déposent les visiteurs qui viennent voir ce spectacle, au demeurant très intéressant. Broyage des cannes, récupération du sirop , ébullition du sirop afin d'obtenir le précieux breuvage.
Et comme rien ne se perd, la chaudière pour la distillation est alimentée avec des cannes dejà broyées ce qui parfume l'air d'un odeur de caramel, car il reste un peu de sucre dans les tiges.
Le village se trouve au fond d'un cirque , mais il y quand même deux chemins qui permettent d'en sortir par le haut.
Maintenant sans nos sacs , nous partons sur le premier de ces deux chemins.
Nous avançons jusqu'à une petite guest house, présentée comme perdue dans la montagne et c'est vrai qu'il nous a fallu près d'une heure pour l'atteindre.
Nous discutons avec le propriétaire , un français, qui nous apprend que la distillerie appartenait , il y a peu de temps encore à un exploitant qui faisait travailler toute la haute vallée , jusqu'à 80 familles et plus lors de la récolte des cannes.
Comme lui disions que dans notre chambre trônait un magnifique coffre fort , il nous a recommandé de demander à voir les cuisines qui sont elles aussi spectaculaires. Nous verrons cela plus tard......
De retour à la distillerie, nous entendons approcher un vacarme que nous avions entendu à Porto Novo, mais dont je n'avais pas juger utile de vous entretenir. Il s'agit d'un homme politique en tournée électorale . Et bien la tournée continue et il est venu faire une visite à la distillerie, voir les travailleurs et éventuellement , nous supposons , se faire offrir un coup à boire ainsi que pour toute sa camarilla, une trentaine de personnes, musiciens compris.
Pas de chance , l'exploitant n'a pas obtempéré et les seconds couteaux n'avaient pas l'air satisfait...
A 18 h , cuisinière de la distillerie nous invite à venir pour le diner. Le diner fut fort copieux et l'occasion de gouter de nouveau du manioc et de découvrir l'igname. Pas de doute , nous sommes en Afrique.
Par contre , pas de dégustation du rhum maison, c'est pour le moins surprenant. Personnellement, je survivrais.......