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  • Manuel dos Santos

    Paùl, Cha de Manuel dos Santos

    Pour ceux qui ont l'amabilité de nous suivre à la trace, il s'agit d'un hameau au sud de Paùl à cinq ou six cents d'altitude selon l'endroit où l'on se trouve.


    Apres un sympathique petit déjeuner en terrasse au second étage et sous la frondaison d'un autre bougainvillée  , nous prenons la route vers la montagne. Dans les premiers kilomètres nous sommes très sollicités par les "aluguers" qui nous proposent de nous propulser sans effort pour n'importe quel ailleurs. Mais cela est toujours fait de façon légère et sans jamais insister.
     Il s'agit aujourd'hui d'une très belle route pavée de blocs de basalte et elle suit la ribeira de Paùl. 
    La chaleur et de l'eau, vous pouvez imaginer que chaque lopin est exploité. Et même le lit du cours d'eau est mis à contribution pour venir y chercher la terre arable qui a pu y trouver refuge après avoir été arrachée à la montagne par les pluies de l'automne, ou perdue par des parcelles situées plus en amont.
    Cultures  vivrières, bien sur, mais aussi canne à sucre dont la récolte est en cours, bananeraie , où ont trouvé refuge des papayers. Et papyrus pour le décor . Plus haut, toujours des bananes, des cannes ,des caféiers et goyaviers.
    L'agriculture de montagne impose des parcelles trés petites pour ne pas dire microscopiques et disposées à flanc de montagne. En Provence, cela  est qualifié de restanque, si je ne me trompe pas.

    Nous arrivons au hameau de Cha de Manuel dos Santos.  Toujours la même préoccupation immédiate, trouver un hébergement . Non pas que notre heure d'arrivée rendait cette question vitale, car il n'était que onze heure, mais nous avions hâte de déposer nos sacs afin de rayonner les mains dans les poches.
    Ici pas d'hôtel , mais deux guest houses à la capacité évidemment restreinte et si restreinte qu'elles n'ont rien de disponible pour ce soir.
    A la seconde tentative, le gérant , nous suggère d'aller voir à la distillerie. Ce que nous faisons dans l'instant. 
    Elle se trouve fort logiquement au milieu de champs de cannes, mais n'imaginez  pas un bâtiment comme on peut en voir parfois sur les étiquettes des bouteilles de rhum des Antilles par exemple, qui rivalisent avec l'esprit château du bordelais. Ici c'est beaucoup beaucoup plus modeste, disons plutôt une distillerie artisanale .
    L'accueil y est chaleureux et la distillation bat son plein et d'ailleurs les tours opérateurs et les aluguers déposent les visiteurs qui viennent voir ce spectacle, au demeurant très intéressant. Broyage des cannes, récupération du sirop , ébullition du sirop afin d'obtenir le précieux breuvage. 
    Et comme rien ne se perd, la chaudière pour la distillation est alimentée avec des cannes  dejà broyées ce qui parfume l'air d'un odeur de caramel, car il reste un peu de sucre dans les tiges.

    Le village se trouve au fond d'un cirque , mais il y quand même deux chemins qui permettent d'en sortir par le haut.
    Maintenant sans nos sacs , nous partons sur le premier de ces deux chemins. 
    Nous avançons jusqu'à une petite guest house, présentée comme perdue dans la montagne et c'est vrai qu'il nous a fallu près d'une heure pour l'atteindre. 
    Nous discutons avec le propriétaire , un français, qui nous apprend que la distillerie appartenait , il y a peu de temps encore à un exploitant qui faisait travailler toute la haute vallée , jusqu'à 80 familles et plus lors de la récolte des cannes.
    Comme lui disions que dans notre chambre trônait un magnifique coffre fort , il nous a recommandé de demander à voir les cuisines qui sont elles aussi spectaculaires. Nous verrons cela plus tard......

    De retour à la distillerie, nous entendons approcher un vacarme que nous avions entendu à Porto Novo, mais dont je n'avais pas juger utile de vous entretenir. Il s'agit d'un homme politique en tournée électorale . Et bien la tournée continue et il est venu faire une visite à la distillerie, voir les travailleurs et éventuellement , nous supposons , se faire offrir un coup à  boire ainsi que pour toute sa camarilla, une trentaine de personnes, musiciens compris.
    Pas de chance , l'exploitant n'a pas obtempéré et les seconds couteaux n'avaient pas l'air satisfait...

    A 18 h , cuisinière de la distillerie nous invite à venir pour le diner. Le diner fut fort copieux et l'occasion de gouter de nouveau du manioc et de découvrir l'igname. Pas de doute , nous sommes en Afrique.
    Par contre , pas de dégustation du rhum maison, c'est pour le moins surprenant.  Personnellement, je survivrais.......

  • Paùl

    Paul

    Nous étions venus jusqu'au paradis des randonneurs et il était temps pour nous de mettre  un pied devant l'autre.

    Nous prîmes la route de l'est pour quitter Porto Novo. C'est une route qui a été ouverte récemment (entre cinq et dix ans ) . Les routes anciennes sont pavées de petits blocs de basalte, la route moderne  est bitumée. 
    Nous avions prévu de marcher jusqu'à 'Pontinha de Janela (22 kms) ce qui semblait,pour un premier jour, quelque chose d'acceptable.
    Ce qu'il a de trés bien ici, c'est le trafic automobile est trés restreint  à l'exception de l'heure d'arrivée ou de départ des ferries.  Donc pas de problème avec le cheminement sur la route. Les premières difficultés surgissent avec le vent, qui nous a semblé s'intensifier avec la course du soleil. Il a été face à nous pendant le deux tiers du parcours. Pas un petit zéphyr , non une vraie brute soufflant entre 70 et 90 kms/heure, faisant parfois de la progression un réel combat, par exemple, quand,en plus , la pente se fait réellement sentir. A titre d'exemple, nous fîmes 5 kms la première heure , 3,5 kms la seconde.
    Pour couronner le tout, un très beau soleil, nous accompagnait.
    Habituellement pour me garantir du soleil, je porte un bob. J'ai failli le perdre à l'occasion d'une bourrasque. Il commençait à s'éloigner et je n'ai eu la chance de le récupérer que grâce à une courte et imprévue accalmie du vent.
    J'ai dans mon attirail de randonneur , un objet , sorte de col roulé amovible , très utile lorsqu'il fait froid. J'ai donc enfilé ce col , puis remonté une partie arrière sur le sommet de ma tête . Je n'ai pas effrayer grand monde,cette zone étant quasiment désertique .
    Les initiateurs de cette route ne se sont pas encombrés de détails et ils ont fait au plus efficace. Ce qui ne retire rien à la beauté des paysages, mais par contre ajoute des saignées dans la montagne. Ce n'est pas vertigineux, mais déjà très spectaculaire. 
    L'ile est entièrement volcanique, mais cela néanmoins une grande diversité de roches. Basalte, pouzzolane , grès et par endroit des roches sédimentaires sous marines soulevées à l'occasion d'une éruption. Ces tranchées faites pour les routes offrent donc aux géologues en herbes de magnifiques coupes, où l'on peut suivre des veines ondulantes de couleurs variées . Pour les gourmands cela fait penser à un gigantesque gâteau marbré. Nous avons vu aussi des veines verticales . Quel spectacle!

    Progressivement nous commençons à marcher vers le nord, toujours en suivant la cote. Les pentes se font plus fortes, mais les terrains un peu moins arides. Les chèvres se multiplient et les vaches apparaissent. 
    A l'occasion d'un virage, nous apercevons des plantes dressées , mais très sèches . Un petit chemin quitte la route et se dirige vers une construction , qui pourrait, peut être ,être l'habitation de l'agriculteur. J'emprunte le dit chemin vers un groupe de personnes que j'aperçois maintenant devant la maison.
    Un homme fait quelques pas dans ma direction. Nous nous saluons. Je tente de lui demander de quelle plante , il s'agit. Probablement pas habitué à croiser quelqu'un venir lui poser ce genre de question, il me répond en m'indiquant la direction de Janela .
    Je réitère ma question et elle est alors comprise .
    On me dit qu'il s'agit de maïs et on m'en montre quelques épis . Il y en a des noirs , des rouges et des jaunes. Mais ils sont bien plus petits que ceux que nous croisons dans nos campagnes. On me dit également que la saison des pluies est à la fin de l'automne et qu'ils sont alors semés . Et mi février , ils sont  murs et déjà récoltés.  Cela m'a rappelé ce que j'avais vu au Pérou .

    Nous reprenons la route accompagné par un homme qui se trouvait dans le groupe qui venait de nous accueillir. Je vous disais hier , la place incroyable du français dans ces iles. La personne en question , nous désignant les montagnes, nous dit qu'ici les "les roches sont volcaniques" !!!!!!

    Nous poursuivons notre route et arrivons à proximité d.un promontoire où en 1880 un phare avait été installé. Il surplombe fièrement la mer de plus d'une centaine de mètres . Dans la mesure où nous abordons maintenant la partie nord de l'ile , rien ne retient la puissance des flots, et des vagues puissantes viennent frapper la cote , générant  une écume impressionnante. Malheureusement pour ce phare, aujourd'hui , nul trafic aux abords de l'ile, et ce sympathique bâtiment de la fin du XIX eme siècle est à l'abandon . 
    Seuls les vandales se sont intéressés à lui.
    Et au sol, nous avons pu trouver quelques morceaux de verre d'une telle épaisseur qu'ils ne peuvent provenir que de la lentille. Bien triste fin pour un tel ouvrage.

    Du promontoire du phare , nous distinguons très bien le village où nous avons prévu de faire  étape: Pontinha de Janela.
    Notre guide ne mentionnait aucun hébergement à Janela . Mais il ne faut pas s'arrêter à ce type d'arguments , mais il faut reconnaitre que les ressources de ce village sont très restreintes .
     Nous devons nous résoudre à poursuivre notre route jusqu'à Vila das Pombas, partie balnéaire de l'agglomération de Paùl . Encore six kms.

    La première impression de cet endroit est une vue saisissante d'un bougainvillée dans les teintes mauves, qui court pendant une vingtaine de mètres sur le flan d'un colline . Je l'avais vu depuis assez longtemps, mais je ne pouvais imaginer que se fut une plante qui décora de façon si spectaculaire l'arrière plan du village.

    Nous visons en premier l'hôtel de l'endroit , 21 chambres, pas une de libre.
    Nous nous rabattons sur une guest house cachée au fond d'un jardin luxuriant, qui fort heureusement pour nous, avait encore une chambre de libre. 

    Nous étions passés devant une petite salle, que j'hésite à qualifier de restaurant, mais qui promettait une cuisine familiale et locale.  Ce fut d'ailleurs l'occasion de manger du manioc, vaut mieux tard que jamais.  Comme l'établissement ne se trouvait pas sur la rue , mais après le porche , nous fûmes les seuls clients du soir. Mais tous ceux qui sont allés ailleurs ont bien eu tort, car ce fut délicieux et incroyablement bon marché. Rhum compris, la bouteille à la disposition du client, mais nous n' en abusâmes pas!!


    Pierre

  • Porto Novo

    Porto Novo

    Comme conseillé par notre aubergiste d'un soir , nous sommes sur le port de Mindelo à 6h45 pour constater que le bateau de 7 h est quasiment vide. Qu'à cela ne tienne, nous embarquons .
    La traversée ne fait pas plus de 15 kms, mais le Canal de Saint Vincent est particulièrement agité, et je peux vous assurer qu'il y plus de moutons sur la mer ci  que dans les prés salés de la baie du Mont Saint Michel.

    L'harmattan souffle fort à cette saison et il creuse la mer. Notre ferry s'en tire très honorablement dans la mesure où nous avançons dans le sens de la houle. Sous l'effet du vent, la  crête des vagues offre un joli effet de chevelure qui ravit en général les poètes, surtout s'ils ont le pied marin.

    Nous arrivons à Porto Novo , où l'accostage d'un bateau est toujours un moment fort de la journée. Taxis , "aluguers" , taxis collectifs assurant également le transport de marchandises, et vendeuses de produits alimentaires, légumes, fruits , fromages et  huiles forment avec les voyageurs à l'arrivée ou en partance , une joyeuse cohue.
    Le challenge consiste à rester courtois envers tous les solliciteurs qui veulent nous héberger ou nous véhiculer . 
    Cette animation concerne environ un cercle de deux cents mètres autour de la gare maritime. Au dela , c'est le retour au calme et l'aspect alangui de la bourgade  fait son retour.

    Nous décidons de rester ici pour la journée , histoire de nous acclimater à la chaleur et au vent . 
    Une fois debarasser de nos sacs, et afin d'accélérer notre adaptation, nous décidons de faire une petite randonnée vers les montagnes. 
    Cela nous donne l'occasion de noter les pratiques pastorales du secteur, qui est le plus aride de l'ile. Nous rencontrons trois sortes d'animaux domestiques: les poules, il n'y a rien à en dire de particulier, elles vaquent à leurs affaires en toute liberté .
    Les chèvres très nombreuses donnent leur lait en vue de la fabrication de fromages réputés . Elles se nourrissent principalement du feuillage de petits arbrisseaux de la famille des acacias . 
    Enfin des porcs peuplent ces collines. Mais ils ne sont pas en liberté, mais dans des enclos. Les plus anciens sont ronds et faits de pierres sèches . A tel point que la premiere fois j'ai cru qu'il s'agissait d'un puit. Les constructions les plus récentes s'apparentent à nos anciennes porcheries, mais en plein air avec parfois une partie couverte . 
    Nous sommes montés jusqu'à environ 400m. Mais sous l'effet de l'altitude qui dissipait la brume ,assez dense au niveau de la mer, et du vent très soutenu, la chaleur commença  à se faire sentir. Pour un premier jour , la prudence nous conseilla de rebrousser chemin.

    Au cours de cette sortie, nous fûmes extrêmement étonnés devoir combien de gens étaient en mesure de nous répondre en français. 
    Bien sur les iles participent au réseau des pays lusophones. J'avais lu qu'elles avaient été invitées à rejoindre aussi  la Francophonie . Je pensais, mauvaise langue que je suis, que cela permettait d' acheter une voix dans les grandes organisations internationales  . Et bien non, cela correspond à une réalité sur le terrain et cela est bien pratique pour les choses essentielles. Et franchement quand' le jeune berger vous salue en français dans les collines , on se pose forcement la question de la réciproque en anglais , chez nous.....