Kuroshio town
Comme raconté hier, il n’y avait aucun service de restauration au temple. En échange , cela nous a permis de partir à notre convenance.
Puis faire un arrêt à la première supérette sur le chemin, pour prendre notre petit déjeuner et faire quelques emplettes pour le repas de midi. Et comme la tva n’est pas la même si c’est pour emporter 8% ou consommer sur place 10% , vous faites deux lots devant le caissier.
La pluie qui n’avait pas cessé de la nuit a bien voulu la mettre en veilleuse et a laissé la place au soleil.
Aujourd’hui pas de rencontre inattendue sinon avec la nature.
Traditionnellement cette fin de mars, voit fleurir les cerisiers et d’autres arbres fruitiers. Les vallées que nous empruntons sont souvent assez encaissées et c’était le cas ce matin. Face à nous un coteau ensoleillé, couvert d’arbres aux feuilles de verts très différents et piquetés dans cette frondaison ,des cerisiers faisaient valoir leur lumineuse couleur. Et comme cela se passait au dessus de nous, on avait l’impression d’assister à d’un feu d’artifice.
Ces coteaux, relativement inexploitables en raison de l’importance de la pente , semble être laissés à la nature et les essences y sont très variées.
Cela forme évidemment un violent contraste avec la nature phantasmée que l’on voit chez les particuliers ou dans les temples . Là , l’homme y fait régner sa loi et impose des tailles et des formes étranges.
La floraison des arbres est aussi l’occasion pour les japonais d’aller pique-niquer sous l’ombre des cerisiers. Aujourd’hui dimanche, par ce beau temps, il ne fallait pas rater l’occasion.
Nous traversons des villes et des villages, mais aussi beaucoup de zones agricoles, principalement des rizières. Partout où nous passons maintenant, elles ont été mises en eau, et par ici le riz est largement repiqué. Dans certaines ,les grenouilles qui coassent à perdre haleine, ont déposé leurs œufs dans l’eau et par endroits les têtards commencent à frétiller. Tout ceci sous le regard bienveillant mais intéressé des grues et des hérons qui ne cessent d’aller d’un point à un autre , probablement pour s’assurer de la bonne croissance de leurs futurs festins. Un peu plus loin , une héronnière s’est constituée regroupant ces oiseaux pour construire plusieurs nids dans le même arbre. Il doit être à un endroit stratégique.
Le hasard des réservations à distance, entre les établissements fermés ou complets réserve parfois d’excellentes surprises et c’est le cas ce soir. Pour le même prix que les petits établissements familiaux qui font notre ordinaire, nous avons droit à un établissement très chic avec vue sur la mer à travers une pinède. Le prix de faveur est-il dû à la morte saison ou à notre statut de pèlerin, je ne sais pas et me garde bien de poser ce genre de question.
En avant , toute - Page 45
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Kuroshio town
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Iwamotoji ( 37 ) Shimanto town
Iwamotoji ( 37 ) Shimanto town
Après la journée d’hier copieusement arrosée, notre premier réflexe a été de regarder à l’extérieur pour voir l’état du ciel. Si le ciel n’était d’azur, il ne pleuvait pas non plus.
Nous partîmes avec la besace chargée de deux de ces pamplemousses japonais.
Pour réaliser cette étape nous avions , veinards que nous sommes, trois possibilités d’itinéraires. Le premier nous offrait un escalier avec 414 marches. On fait mieux pour attirer le chaland. Le second , porté sur le guide, mais rien sur le terrain au moins au début , alors après !!
Restait donc la troisième option , qui consistait à continuer le long de la route et à s’engager dans un tunnel de 966 mètres de long. Nous en emprunterons bien d’autres dans la journée. Je pense que depuis notre départ nous avons dépassé les 10 kms dans les tunnels . Drôle de randonnée !
L’avantage avec les routes de montagne , c’est qu’elles n’ont pas l’ambition de vous emmener au sommet , mais plutôt de vous faire passer un col. Évidemment le Nanako-toge pass est vraiment ridicule avec ses 287 m à côté du Khyber pass, le col mythique qui permet l’accès de l’Afganistan depuis le Pakistan, mais c’est une autre histoire.....
Mais même avec ses 287 petits mètres , il a droit à une aire de repos et nous en profitons.
Nous sommes assis sur un banc de fortune, car désormais cette route est doublée par une voie rapide et le trafic est donc bien maigre et d’ailleurs la station service a fermée ses portes.
C’est alors que s’arrête à ma hauteur une voiture et un homme en descend . Il me dit qu’il habite à 8 kms et qu’il nous invite à prendre le café chez lui. Il me dit qu’arrivé à l’endroit qu’il m’indique, il faut prendre la vieille route. Dernier élément pour le retrouver , il a une voiture rouge, mais cela, c’est moi qui le note.
Rendez vous pris pour midi.
Nous avions compris que pénétrer dans l’intimité des japonais était chose rare et il fallait donc en profiter.
Donc deux heures après et quelques difficultés à trouver, nous arrivons à midi tapante .
Kyoko , elle et Toshiyuki, lui , nous attendaient. Elle avait préparé à notre attention un plateau qui comprenait pour chacun deux tranches d’un gâteau qu’elle venait de sortir du four, une sorte de porridge, et un biscuit au son. Et comme , elle nous avait posé la question , le tout accompagné d’un café.
Il a fait il y a quelques années le pèlerinage et maintenant il veille sur le bien être de ceux qui passent devant chez lui.
Il nous demande si nous connaissons le natsumikan. Bien sur nous répondons que non. En fait , il s’agit du nom un peu plus savant du pamplemousse dont je vous ai déjà entretenu. Comme nous avions fait une réponse négative , il est allé en chercher un. Il est revenu avec le fruit, mais aussi avec un instrument très particulier. Cela ressemble à un petit cutter à moquette, ceux dont la lame est crochue, et cette lame coupe la peau du quartier d’agrume. Et par l’autre extrémité, une sorte de cuillère, vous sortez les pépins.
Dans la conversation, largement à base du traducteur automatique, Evelyne apprend qu’elle était aromatherapeute . Comme Évelyne a depuis plusieurs jours des soucis circulatoires, elle lui offre une séance de soins, qui semblent apporter un grand soulagement. Évelyne lui demande de lui vendre son onguent miracle, mais elle n’en vend pas. Après plusieurs sollicitations, elle accepte de donner une petite boîte.
A peine étions arrivés qu’il téléphone à un ami, situé à plus de deux semaines d’ici pour lui annoncer notre arrivée. J’ai cette personne au bout du fil et lui explique tous les aléas de ce genre de randonnée et que nous nous refusons de prendre des engagements aussi lointains. Nous convenons de nous tenir au courant lorsque nous seront à quarante huit heures de chez lui.
Après une heure de cette aimable halte, nous repartons vers le temple Iwamotoji où nous allons être hébergés. A peine arrivé, la pluie est revenue.
Pas de chance , ici nous avons le gîte , mais pas les baguettes et il falloir ressortir pour trouver à dîner .
Je lis les nouvelles de France et je vois que le confinement est prolongé jusqu’au 15 avril, cela va être chaud pour notre retour.
Pierre. -
Susaki city
Susaki city
Ce fut une journée difficile, pour ne pas employer un mot plus vulgaire.
Il n’a pas arrêté de pleuvoir pendant les 7h30 de notre périple du jour.
Dès la sortie de l’hôtel un fin crachin nous attendait.
Pendant cinq minutes nous hésitâmes à sortir nos capes, mais après ce léger flottement dans la décision, nous ne les quittâmes plus.
La partie de la côte que nous longeons est un peu particulière. C’est une sorte de ria très longue, environ quinze kms. Et comme les rives en sont assez escarpées et tourmentées, le spectacle offert par la pluie et une brume en écharpe s’accrochant aux reliefs , est très surprenant , les collines semblant émergées du coton.
Au Japon, la supérette est l’ange gardien du pèlerin randonneur.
Et par malchance, très peu de supérettes sur notre parcours.
Quel rapport , me direz vous , entre une journée pluvieuse et une supérette ?
Voilà, ici, les supérettes offrent de nombreux services au delà de la distribution alimentaire classique et notamment des toilettes, toujours impeccables, du café, avec très souvent un espace où s’assoir avec parfois des tables ,des distributeurs d’espèces .
Et donc quand il pleut, trouver un espace sec et accueillant, c’est toujours très appréciable.
Autre nouvelle du jour , nous avons franchi en début d’après midi le tiers de la distance affichée , soit 400 kms . Et comme l’étape du jour n’était pas très longue, ce n’est pas aujourd’hui que nous avons comblé le retard d’un jour et demi que nous avons. Mais valait il mieux être au sec rapidement que de s’épuiser sous la pluie. Les petits bobos prennent de l’ampleur et auraient handicapés les jours à venir.
Bien qu’arrivés dans le bon village, nous eûmes quelques difficultés à trouver le minshuku qui allait nous abriter. En effet , ces établissement ont des enseignes ,mais tout en idéogrammes et seul le numéro de téléphone nous permet de repérer la bonne maison. Ici pas de chance , le n° de tel n’était pas affiché. Heureusement j’avais eu la bonne idée de demander à une dame sur le pas sa porte , de m’indiquer l’emplacement. Comme je n’avais pas tout compris, ( conversation 100% en japonais pour elle , 0% pour moi ) nous allâmes un peu trop loin, et voyant cela , elle nous rattrapa sous la pluie, pour nous conduire au bon endroit.
Pierre