Prina
Nous partons de bon matin après avoir bien récupéré.
Comme le village de Monestiraki est placé sur une sorte de dépression qui sépare deux blocs de montagne , c’est par une altitude proche de zéro que notre parcours du jour débutait.
Mais comme l’itinéraire global de notre randonnée est est/ouest nous passons d’une vallée à l’autre , il nous faut aujourd’hui nous attaquer à un nouveau col.
Dans un premier temps nous sommes un une pente orientée à l’est, qui ne doit pas être favorable aux précipitations, et donc la végétation est passablement rabougrie.
Néanmoins cela suffit aux chèvres du coin dont nous entendons leur bêlement et nous nous faisons un jeu de les repérer.
Nous sommes dépassés par plusieurs pickups d’éleveurs qui doivent venir jeter un œil.
Puis un concert de sonnailles se fait entendre et nous voyons une troupe de 70/80 bêtes dévaler la pente et se diriger sous la houlette de trois personnes vers le bâtiment abritant le nécessaire pour la traite.
Nous finissons par atteindre le sonnet et nous basculons vers un vallon exposé à l’ouest et là, la végétation est plus diversifiée et plus abondante. Des pins , des eucalyptus, des fleurs comme les cistes , des sauges ,des genêts illuminent le vallon.
Nous passons devant un monastère en cours de restauration, mais manifestement les visiteurs sont personnae non grata, je sais ce n’est pas du grec, mais cela fait sérieux .
Le temps légèrement incertain depuis le matin, se gâte au moment où nous arrivons à Meseleri.
Nous optons pour un repas rapide à la taverne. Une immense salle avec de belles tablées , ce qui nous a permis de voir le pope , sa femme et ses enfants venir se restaurer.
Nous reprenons notre route pour arriver à Prina.
Le guide laissait entendre que le logement serait aisé et nous n’avions rien réservé.
Mal nous en a pris, car se fut plus compliqué qu’envisagé et nous avons fini par tombé dans un traquenard à 150 € en liquide . La personne qui nous a ouvert la porte devait être une sorte d’intendant, et comme je lui explique que nous voulons préserver nos espèces, il me propose de me descendre sur la côte où connaît un distributeur ! Je ne suis pas sûr que le propriétaire voit beaucoup la couleur de cette location.
Une villa de style creto-bavaroise, bien évidemment surdimensionnée pour nos besoins . Dans chaque voyage nous avons connu ce genre de désagrément et cela ne fera que nous encourager à être plus prévoyant.
Nous allons néanmoins nous restaurer à la taverne voisine et le tenancier nous demande d’où nous venons et comme il propose en retour de réponse Paris, Saint Malo?
En fait un dentiste malouin est venu en vacances dans le coin de très nombreuses années et il avait invité l’aubergiste à venir chez lui à Saint Malo. Mais sa conclusion, c’est bien froid!!!
En avant , toute - Page 19
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Prina
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Monastiraki
Monastiraki
Si nous ne devions avoir un regret vis à vis de notre hébergeur d’hier soir c’est de ne pas avoir bu d’eau, ce qui pour le randonneur , et pour bien d’autres personnes , est indispensable.
Mais là, nous avons bu du café, offert dès notre arrivée, puis du raki, et puis du raki et encore du raki, ce qui semble être l’eau…. de vie des locaux et pour le dîner du vin.
Ce qui doit expliquer, je suppose que j’étais, très légèrement, nauséeux ce matin.
Et le chef nous a préparé des œufs au plat carrément délicieux, pain café.
Mais nous sommes partis avec un quasi kilo de fruits , oranges ,pommes et au moins cinq cents grammes de kumquats , cueillis sur l’arbre de sa terrasse. J’étais un peu dubitatif sur les qualités gustatives de ce petit fruit, mais là, récolté devant soi et mur à point, c’est vraiment délicieux.
Il nous a fait prendre quasi de force du chocolat, mais nous avons résisté pour le paquet de biscuits.
Ce matin soleil radieux et meltem retourné à la niche. C’était les conditions idéal pour attaquer le premier col de la journée.
Depuis notre départ, nous pouvons dire que l’île est vraiment couverte de fleurs , beaucoup de sauges de thym ,de muscaris, et bien d’autres dont je ne connais pas le nom, ou dont je ne souviens plus. Mais ce qui est évident c’est que la récolte de miel 2023 est bien en cours de constitution.
Un deuxième col était au programme aujourd’hui. 970 m sur un chemin carrossable, pour les 4x4.
A 11h45, nous pique-niquions avec en partie les fruits reçus ce matin.
Nous entamons une très longue descente vers Monastiraki.
Nous croisons un couple de randonneurs allemands, dans nos âges . Et nous échangeons nos impressions. Ils viennent en Crête pour la onzième fois. On peut dire que c’est une belle constance.
Dans un petit village perché, il y a une auberge. Bien sûr , nous y arrêtons. Café frappé pour madame, café grec pour moi. Et pris d’un remord nous commandons deux yaourts au miel et je peux témoigner qu’ils étaient copieux
Nous trouvons sur notre chemin une petite chapelle dédiée à sainte Anne . Des fresques sont encore visibles sur un mur, et elle est tellement petite que la cloche a été fixée sur une branche du pin qui la jouxte.
Nous poursuivons notre interminable descente , la montagne étant ici très abrupte. Nous passons à côté de la gorge du Ha , haut lieu du rafting européen, avec un dénivelé négatif de 400 m, à réserver aux personnes très expérimentées.
Et puis nous tombons dans le piège du balisage crétois. Le livre indiquait prendre à droite, en un lieu non déterminé, une piste muletière. Nous trouvons une véritable route de montagne. Le bouquin a été écrit il y a maintenant sept ans … je pars en exploration sur cette voie et je fais environ cinq cents mètres . Aucun signe de balisage. Partir à l’aventure en pleine montagne , humm.
Nous poursuivons sur la « route » principale attendant un signe sur un arbre , un poteau.
Nous arrivons à une chapelle. Heureusement elles sont assez nombreuses, et toujours bien entretenues, avec des explications sur leur environnement et éventuellement celles à voir dans la région, avec une carte à l’appui. Et alors nous rendons compte que le chemin que nous avons renoncé à prendre était pourtant le bon. Mais c’était il y deux kilomètres de cela .
En nous aidant de la carte exposée devant la chapelle , je taille une route sur les chemins qui parcourent les oliveraies. Nous finissons à bon port, mais après avoir fait au moins quatre kilomètres inutiles, surtout en phase de rodage…
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Christopigi
Christopigi
Hier soir, dans la mesure où la taverne était le seul endroit avec une connexion , j’ai publié mon petit roman, dès nous y sommes revenus.
Ce qui ne m’a pas permis de vous narrer l’ambiance de la dite taverne.
Elle était pleine à craquer de petits vieux assis à une table , probablement là pour éviter d’être seul à la maison, de clients plus jeunes dont certains étaient déjà présents lorsque nous sommes passés en début d’après midi, le tout dans , dois-je le dire , un bruit assourdissant , en fait de la musique , style sirtaki, dans des enregistrements clairement piratés.
Malgré les réserves exprimées ci dessus, cela faisait une ambiance sympathique, mettant un peu de vie dans ce village qui s’accroche pour continuer d’exister.
Les premiers jours étant toujours rudes, nous étions venus pour dîner à 7 heures, nous regagnâmes nos pénates à 8.
Heureusement que nous étions fatigués, car le meltem a frappé à notre porte toute la nuit. Nous avions pris soin d’appuyer nos sacs sur la porte , mais nous étions impuissants pour le claquement du volet et les portes du voisinage . Notre hébergement devrait être une bergerie qui a été transformée en chambre récemment et qui n’a pas vocation à recevoir des hôtes sitôt dans la saison.
Mais qu’importe, ce n’est pas le confort que nous sommes venus chercher ici, mais les paysages et les contacts humains et là nous sommes gâtés .
L’étape du jour dépasse de peu les vingt kilomètres, ce qui dans d’autres circonstances ne serait qu’une balade de santé, mais ici entre le relief, les quelques balisages placés parfois à des endroits surprenants, pour nous, et le vent qui ne faiblit toujours pas, nous encourage à partir à 7h30..
Pas de chance les deux cafés ouvrent qu’à 8 heures.
Aujourd’hui encore 700 mètres de dénivelé positif. Pour le moment , l’expérience était une montée = un chemin. Nous avons inauguré le concept une montée = pas de chemin. Et pour couronner le tout pas de balisage. En d’autres termes, tu sais à peu près d’où tu pars , mais tu ne sais pas où tu vas!!
Une seule indication: Nord Ouest .
Une nouvelle expérience. Et comme en matière de randonnée, nous aimons aller au bout, je me suis offert une chute. Un pied mal assuré, probablement une bourrasque, le poids du sac et me voila sur le dos après une sorte de roulade. Résultat des écorchures à la main et au bras gauche. Tout cela pour vous tenir en haleine.
J’ai commencé mes cours de grec et je connais maintenant « kalimera « ce qui signifie , bonjour. C’est très pratique pour commencer une conversation même la plus courte du style : « kalimera, ,Vori ? » le tout en désignant une direction du bras. , Vori étant un village que nous devons rejoindre. La réponse pouvant être « né » ce qui signifie « oui » ou encore plus simple un hochement de tête.
Quelques kilomètres avant Christopigi nous croisons d’étonnants affleurements blancs à l’image du marbre et je suis bien persuadé que des touristes passant en février s’imaginent voir de la neige.
Nous arrivons à Christopigi et nous constatons bien vite que ce charmant petit village ne possède strictement aucun commerce. Nos lecteurs assidus savent notre frugalité, mais le reste de nos emplettes de la veille ont vocation à assurer le repas de midi, celui du jour et éventuellement celui de lendemain. Les optimistes diront si près du départ , nous avons encore des réserves embarquées.
Mais la providence du randonneur avait le visage de notre hôte, pour qui la préparation du dîner allait de soi. Il semble vivre seul . Il nous a dit avoir passé sa vie professionnelle à La Canee et est revenu dans son village natal la retraite venue. Et qu’accueillir des randonneurs était une façon de rester en contact avec le monde. Nous avons déjà rencontré ce genre de situation.
Pierre