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En avant , toute - Page 63

  • Le lac Song Kul

    Le lac Song-Kul

    Aujourd’hui une belle journée de randonnée s’offre à nous. Car pour aller au lac Song-Kul, nous devons franchir le col de Jalgyz-Karagai (3200 mètres).

    Nous ne partons pas trop tôt pour ne pas être confrontés à la fraîcheur de l’altitude. Nous avions déjà marché depuis un bon quart d’heure lorsque nous retrouvons les trois jeunes britanniques rencontrés hier en fin d’après midi.
    Nous nous saluons et l’un d’eux me dit que c’est un peu difficile.
    Mais un petit match franco- britannique n’était pas pour me déplaire, mais comme entre Obelix et les romains, il n’y a pas eu de match. Dommage.

    Nous avons 900 mètres de dénivelé à gravir et si au début la fréquentation était plutôt celle des troupeaux qui eux aussi vont au lac Song-Kul.
    Nous en avions vu passer plusieurs ce matin pendant le petit déjeuner et quarante minutes après notre départ nous avions rattrapé les bovins les plus lymphatiques.
    Mais progressivement ce sont les cavaliers/ touristes qui nous rattrapent.
    Les chevaux doivent tenir compte de l’altitude et de la pente.
    Mais également les cavaliers très amateurs qui doivent avoir les muscles endoloris et une pause est bienvenue pour tout le monde.
    Ce qui fait que nous les dépassons à notre tour.
    Elvira semble avoir besoin de souffler, mais dans les 2800/2900, les arrêts sont très frais et nous poursuivons avec son assistant.
    Nous croisons les premières plaques de neige et le vent du col commence à se faire sentir.
    Les différents groupes de cavaliers nous dépassent définitivement et nous arrivons au sommet quelques minutes après eux. Elvira nous a rattrapé.
    Nous sommes au col , 3200 m , il nous aura fallu 2 heures pour y arriver.

    Le lac est maintenant devant nous , dans un décor somptueux, sachant que sur la rive opposée les montagnes bien enneigées culminent à 3850 m.

    Nous entamons notre descente, modeste puisque nous ne sommes que 200 mètres au dessus du niveau du lac.
    Le temps est splendide, seuls quelques nuages blancs ponctuent le décor , en faisant contrepoint au vert des prairies sans fin et au bleu glacial du lac.

    Arès une demi-heure, nous faisons une pause pour un pique-nique sous le soleil. Nous reprenons la route à 13 h , nous arrivions au camp de yourtes.
    Les rives du lac sont une attraction de cette partie du Kirghizistan et cela suscite une fréquentation ( modérée) de touristes et les agences en font un must de leurs programmes.
    Donc ici une quinzaine de yourtes réparties en trois groupes, sans que cette activité ne dénature le caractère pastoral de la vie de nos hôtes .
    Nous avons déjà assisté à la traite des juments, car le cheval reste le compagnon inséparable du kirghize.
    Mais derrière notre yourte , on peut entendre les meuglements des bovins venus passer l’été ici.
    Bien que nous soyons assez loin de tout, ces éleveurs disposent maintenant de pistes nombreuses. En effet les soviétiques ont construit une grand partie de ces pistes car le Kirghizistan leur fournissait viandes et lait en quantité. Et donc pour faciliter cela , ils tracèrent ces pistes qui aujourd’hui sont toujours très utiles pour l’enlèvement du lait. Et pour améliorer la vie des bergers , ils leurs avaient alloué des roulottes que l’Etat déplaçait à la demande. Mais cela coûtait très cher. Donc aujourd’hui plus personne ne déplace plus ces roulottes et elles restent où le dernier mouvement les a laissées.
    Pendant que j’écris arrive l’orage de la fin de l’après midi et il ne fait pas bien chaud.

  • Kilenche

    Kilenché , en français , le tapis fleuri. 2300 m/alt

    Aujourd’hui le parcours est entièrement pédestre.
    Nous quittons la famille qui nous a accueilli et traversons en partie le village. Chaque maison est dotée d’une parcelle de terrain assez vaste , ce qui fait que le village est étendu. La rue dans laquelle se trouve notre hébergement mesure dix mètres de large dont un mètre de chaque côté est enherbé.
    C’est une grande ligne droite , occasionnellement bordée de peupliers, dont le pollen s’imagine en confettis de la mariée.
    Chaque parcelle est délimitée par une clôture de bois ajourée que l’on trouve communément. Elle est plutôt destinée à un jardin potager, car à la grande époque il fallait survivre, et la maxime était : «  on fait semblant de travailler, ils font semblant de nous payer « .
    Les maisons n’ont que rarement l’occasion d’afficher la richesse de leur propriétaire, les toits sont presque toujours en tôle ondulée en fibrociment.

    Nous nous faufilons entre les propriétés, enjambons des ruisseaux ou des canaux destinés à l’arrosage des jardins.
    Un canal plus large que les autres nous oblige à nous déchausser et à traverser pieds nus, les informations reçues nous assuraient la fin des gués.
    Nous passons devant un cimetière et nous nous étonnons auprès d’Elvira de leur nombre , au moins trois dans notre champ de vision, sans compter les mausolées dispersés dans la nature. Elle n’a pas de réponse à notre interrogation, mais il me semble que la place accordée à chaque défunt soit assez large.
    Nous remontons une vallée secondaire parcourue par un petite rivière, qui assure bravement son rôle d’irrigatrice, par le truchement de canaux qui viendront inonder cette vallée de prairies .
    Après le repas nous quittons la vallée pour un vallon qui nous conduit vers la montagne et les jaïloo , pâturages d’altitude très appréciés des éleveurs et bergers.
    Comme nous marchons nos cinq heures quotidiennes, notre musculature retrouve sa tonicité et son efficacité.

    Nous arrivons à Kilenché, l’orage menace. Arrivés à la tente ça dégringole à tout va.
    Mais trente minutes plus tard , la douceur du soleil était de nouveau pour nous.

    Cela nous permet de voir et d’observer le travail et même le ballet des bergers et des troupeaux. À nos pieds coule un ruisseau peu profond , mais un peu large et selon que vous soyez cheval, bovin ou mouton , et même si l’herbe est bien verte sur l’autre rive , le franchissement est plus ou moins facile.

    Les montagnes qui nous entourent ne sont pas si impressionnantes que cela , en dépit du fait qu’elle doivent culminer vers les 3500 m, mais les cimes sont arrondies, leur conférant un caractère aimable. Et de voir les troupeaux surgir d’un vallon ou d’un autre , aseptisés par la distance, confère à ce lieu, pourtant grandiose, un côté bergerie du petit Trianon.

    Le soleil brillant toujours avec ardeur, le pique-nique du soir s’annonce inoubliable.

  • Kyzart

    Kyzart

    Je vous ai quitté hier soir sur une pluie battante.

    Ce matin est soleil est radieux et nous prenons notre petit déjeuner avec la voûte bleue au dessus de nos têtes.
    Et comme dans les bons westerns, le bivouac se fait à proximité du point d’eau. Et qui dit point d’eau , dit point bas.

    Notre première action est de traverser pour une ultime fois la rivière . Le niveau de l’eau à ,me semble t’il, encore baissé , ce qui devrait faciliter le franchissement. Je remets les chaussures prévues pour cela , me jette à l’eau, et oubliant mes belles réflexions de la veille sur le passage en biais pour aborder une rive ferme, je m’engage sur la rive en face.
    Elle paraissait belle et sans mystère . Elle fut traîtresse au possible, m’enfonçant dans la vase jusqu’à la cheville . Evelyne , en épouse fidèle me suivit, et obtint le même résultat.

    Le programme de la journée prévoit que nous changions de vallée pour retrouver la voiture. Pour cela nous devons gravir 600 mètres de dénivelé, sous le beau soleil . Dans cette zone il n’y a pas de route , uniquement des chemins muletiers. Des pauses sont nécessaires pour permettre au palpitant de retrouver un rythme à peu près normal.
    Après plus de deux heures d’effort , nous rejoignons une piste carrossable, puis plus loin une petite ferme. Cela serre un peu les tripes quand on observe , rapidement, le dénouement de ces bergers. Loin de tout, ils sont tributaires des gens de passage.
    Nous poursuivons notre descente et retrouvons Kanas qui a préparé le couvert.
    Elvira se charge de confectionner la salade composée . Mais à peine à table , le ciel se charge de gros nuages gris foncés, et quelques petites gouttes commencent à tomber. Maintenant le tonnerre donne de la voix. Il tourne autour de nous, et à la bonne idée d’attendre que nous ayons replié les éléments du pique-nique pour accélérer la cadence.
    Remis en route , nous faisons de même.

    Voyant la pluie tombée , Talant vient à notre rencontre .
    Le cavalier nous rejoint et nous transférons le contenu des bâts dans la voiture.

    Nous terminons cette descente dans le plus grand confort et nous atteignons la quatre voies. Nous poursuivons vers l’est pendant un petit moment avant d’obliquer vers Naryn puis rapidement de nouveau vers Kochkor.

    Nous nous arrêtons trente minutes à Kochkor pour faire des courses et reprenons la route pour Kyzart
    Talant nous explique les règles applicables ici , en raisons du passage des transhumances. Les espaces ne sont pas clos, en cas d’accident avec un animal, le conducteur est responsable et les agriculteurs ne doivent pas semer avant la date indiquée, sinon les dégâts causés par le passage des troupeaux seraient à leurs charges. Mais les troupeaux ne doivent pas rentrer avant la date ultimes des récoltes. Ce système n’est pas défavorable aux agriculteurs, car au delà de l’ameublissement du sol, il permet la livraison gratuite de tonnes de déjections animales que les dizaines de troupeaux qui passeront à l’aller et au retour chaque année, fertilisant ainsi les sols.
    Et effectivement nous voyons de nombreux troupeaux se diriger vers les « jailoo « ,pâturages d’été.
    Nous arrivons à Kyzart, où nous allons passer la nuit. Ce sont des particuliers qui nous reçoivent .
    Nous sommes à la campagne et ce village s’étend dans la vallée alluviale aux pieds des montagnes. La maisonnée est de plain pied, et des travaux d’agrandissement sont en cours.
    Ici l’hiver est très rude et pour pallier cet inconvénient, il y a un poêle rond encastré dans le mur, rayonnant ainsi simultanément dans deux pièces .
    En outre ici le tapis est roi. Il se trouve évidement par terre parfois sûr plusieurs épaisseurs, mais également sur les murs où ils servent d’éléments décoratifs mais aussi pour l’isolation.

    Autre élément dépaysant, un système de bain russe. Une petite pièce déjà bien chauffée qui sert de vestiaire, puis vous rentrez dans la pièce de bains proprement dite. La chaudière à bois procure une eau brûlante et une bassine d’eau froide. Vous avez le choix de vous asperger avec un instrument qui ressemble à une casserole, avec l’eau chaude , puis l’eau froide. Où vous pouvez utiliser une cuvette pour obtenir un liquide plus conforme à nos standards. L’eau coule sur le sol en ciment et disparaît.
    Cela peut sembler de prime abord un peu rustique, mais cela répond complètement à son objet.

    Pour le dîner la maîtresse de maison avait confectionné des raviolis, sous forme d’aumônières. C’était très bon.