Samarcande 2
Surprise ce matin, le temps est couvert et nettement plus frais. La seule que nous puissions redouter serait la pluie et pour le moment elle n’est pas d’actualité.
Ce qui est d’actualité aujourd’hui c’est une visite des monuments emblématiques de Samarcande.
Et comme nous logeons à deux pas du Registan, nous commençons par là.
C’est un ensemble de trois médersas bâties autour d’une esplanade carrée .
Celle de gauche ( ouest ) , médersa d’Ullug Beg construite en trois ans et achevée en 1460 est la plus ancienne et la mieux construite car elle a résisté aux différents séismes.
Ullug Beg , un successeur de Tamerlan, fut réputé pour avoir enseigné les mathématiques, la théologie, l’astronomie et la philosophie. Il faut donc voir ici plus une université qu’une école au sens contemporain.
Les deux autres médersas , sont postérieures de deux siècles, mais ont plus souffert des outrages du temps. L’une d’elles, Chir Dor, les lions, présente sur sa façade de magnifiques lions ( en réalité, des tigres) , des gazelles et deux visages, sensés illustrer le soleil. Tout cela bravant les règles de l’Islam . Il y eut des époques où les règles connaissaient des aménagements.....
Les décors de ces bâtiments, tant intérieurs qu’extérieurs sont de toute beauté. Les murs sont donc recouverts de mosaïques au ton principalement bleu et vert, à l’exception de la medersa Tilla Kari, qui signifie « couverte d’or » , mais ce sont les murs et le plafond qui sont dorés, l’effet est saisissant.
Les coupoles , elles sont turquoises.
La medersa l’Ullug Beg est flanquée de quatre minarets , eux aussi entièrement décorés de mosaïque, qui ont la particularité de ne pas être totalement verticaux.
À l’intérieur du bâtiment, des cellules , modestes, pour les élèves , un peu plus confortables pour les professeurs. Ces dernières sont équipées d’un petit foyer pour faire du feu, les élèves devant se contenter d’un brasero.
Les cellules du Rez de chaussée sont maintenant transformées en échoppes où sont vendus aux touristes des objets de provenance très diverses, ce qui n’exclut pas des productions locales.
Dans l’une d’elle , un commerçant se présentant aimablement comme ethnologue, nous a fait une large présentation de produits réputés locaux et notamment de suzani, broderie au fil de soie, utilisant encore aujourd’hui des thèmes zoroastriens ,cette religion ayant été extrêmement bien implantée avant l’arrivée de l’Islam. À la différence de cette dernière les décors utilisent beaucoup de représentations animales et les éléments fondamentaux, le feu, le ciel..( pour ceux qui cinq minutes de temps libre, une petite recherche sur Wikipedia....)
Après avoir arpenté ce magnifique ensemble , nous repassons à notre chambre car nous sommes trop légèrement vêtus .
Ceci fait nous prenons la direction du mausolée de Gour -E- Amir, où repose Timur et ses fils. Timur, pour nous c’est Tamerlan .
Ce mausolée est coiffé d’une coupole cannelée bleu azur de toute beauté et l’intérieur est tapissé d’une décoration d’une finesse et d’une précision vraiment extraordinaire.
Après avoir navigué à des hauteurs artistiques insoupçonnées, par nous, nous dirigeons vers la ville russe, pas forcément la soviétique , mais celle que dans les années 1880 -1900 les russes s’étaient aménagée et rappelant leurs décors familiers.
Tout d’abord le quartier est isolé du reste de la ville sur son flan sud est par une très large avenue largement boisée. Puis pour compléter le tableau un très vaste parc pour combattre les poussières de la steppe. Vous arrivez alors dans une zone de bâtiments en plain pied ,très coquets , sur de larges avenues, opportunément interdites à la circulation. Et franchement il ne faut pas une imagination débordante pour imaginer les calèches issues de la littérature russe de cette période .
Mais au delà de cette immersion, nous parcourions ces avenues dans l’espoir d’y trouver un restaurant qui serait à la fois dans l’esprit des lieux et dans notre budget. Mais la nostalgie n’est pas bonne conseillère, et nous ne trouvâmes rien qui répondit à seulement un critère.
En traversant le parc évoqué plus haut , nous avions aperçu , et il faut le dire, dédaigné , quelque chose qui semblait être un restaurant. Et contre mauvaise fortune , nous faisons bon cœur et nous dirigeons dans cette direction. Et je pense que la chance nous a sourit. En effet nous avons pu profiter d’un des derniers établissements soviétiques.
Très vaste salle carrée , hauteur de plafond cinq/ six mètres , aucun élément décoratif, à l’exception de trois téléviseurs écran plat , sacrifice à la modernité.
Élément assez courant dans les restaurants ici, un lavabo permettent de se laver les mains dès l’entrée dans le hall, ici dans la salle à manger.
Grand bar à droite. Une quarantaine de tables alignées comme pour la parade de la Place Rouge. Pas de menu, même pas de photos. Si vous ne comprenez pas ce qu’on vous dit, les entrées sont sur le bar , disposées sur petites assiettes. Plats de résistance, poulet ou kebab. Desserts, j’ai cru comprendre que c’étaient des glaces industrielles.
Pour un dimanche , trois tables occupées , dont une par une vieille bande de copains septua/octogénaires qui devaient avoir là leurs habitudes.
Comme nous avons quand même l’estomac dans les tallons , nous prenons trois entrées , du concombre sous deux versions et des rouleaux d’aubergines autour de carottes râpées et concassée de tomates.
Comme le reste ne nous tentait pas plus que cela nous décidons d’en rester là et payons environ quatre euro pour cette expérience.
Nous reprenons notre pérégrination et alors que nous n’avions pas fait trois cents mètres nous tombons sur une pâtisserie très branchée. Dans la mesure où n’avions pas fait de folies gustatives dans les trente-six minutes précédentes, nous rentrons.
Une jeune femme nous accueille dans un anglais excellent , nous détaille les produits proposés et s’enquiert d’où nous venons...
Changement de planète en dix minutes !!
Une partie de l’après midi fut consacré à la mosquée BIbi Khanoun épouse chinoise de Tamerlan. Monument grandiose , 41 mètres au sommet de la coupole et décors en mosaïque multicolore , toujours à base de vert, bleu et du liant plus ou moins clair selon les bâtiments .
Le temps,plus que maussade, allié à un vent bien frais , nous a convaincu de prendre un dîner correct. Donc potage au choux, plov avec un riz presque translucide et baklava comme dessert. Le tout avec une Pilser. Retour à l’empire.
Je vous prie de m’excuser d’avoir abuser de votre temps.
Pierre
En avant , toute - Page 66
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Samarcande 2
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Samarcande
Samarcande
Avant de dire adieu aux boukhariotes , nous nous levons de bonne heure pour accompagner Lola (Tulipe ) qui fait fonction de régisseuse ,au marché domestique et quotidien qui se tient à quelques pâtés de maisons d’ici.
Là se retrouvent plus de petits producteurs que de commerçants, à l’exception des produits de ménage.
Les fruits et les légumes sont magnifiques et de toute fraîcheur , les cerises éclatantes, les framboises dans des seaux et les tomates luisantes. Le reste a l’avenant.
Nous revenons à la maison , la plus part de ces produits étant pour le petit déjeuner . Et à sept heure et demi, tout le monde se retrouve autour de la table.
Et nous faisons nos adieux.
Si nous avions décidé de partir par le train, il eut fallu que nous nous levions un peu après quatre heure.
En choisissant le taxi collectif, nous sommes nettement plus maître des horloges.
Le mari de Lola , nous conduit à la gare routière. Par son truchement , nous trouvons un chauffeur. Le prix de la course jusqu’à l’hôtel est établi , nous donnons notre accord. Je m’attendais à un véhicule à neuf places. Non il s’agissait d’une berline des plus classiques. Dès que deux autres voyageurs furent trouvés, nous partîmes.
Je suis venu, j’ai vu et je n’ai pas été convaincu par la conduite ouzbeque. Ils ne sont pas aidés par la qualité des routes, même si elles sont globalement larges, du moins sur la portion que nous avons empruntées.
À mi parcours changement de véhicule, notre premier chauffeur a fait sa part, mais nous n’attendons absolument pas, une autre voiture est sur le parking à nous attendre. Une passagère est remplacée par une autre .
Ce second conducteur conduit moins bien que le premier, et beaucoup plus vite.
En cours de route la passagère demande au chauffeur de s’arrêter devant l’étal d’une vendeuse de boisson . Ils se désaltèrent et elle nous offre un « soq» boisson fait à base d’abricots. C’était très rafraîchissant .
Nous arrivons à 13 h à l’entrée de Samarcande, et nous changeons à nouveau de véhicule pour effectuer les cinq derniers kilomètres . Bien évidement ce dernier chauffeur nous demande , à l’ultime arrivée ,une petite rémunération....
Une fois effectuées les formalités et avoir déposé nos bagages, à l’hôtel Jahongir, nous repartons à pied.
Le site historique de Samarcande est très étendu et bien partagé entre différents endroits sans compter la partie russifiée de la ville qui n’est pas dénuée d’intérêt .
Evelyne souhaite aller dans un restaurant qui se trouve assez loin, sur une autre colline.
Si la lumière n’est pas franche ,la température est difficile à supporter, et l’ombre des arbres est la bienvenue.
Le nom sur les plaques des rues ne correspond pas toujours à ceux du plan, ce qui complique un peu les choses.
À 14h30 nous finissons par trouver un restaurant de remplacement. Il s’avèrera plus tard que le premier choix n’était plus en fonctionnement !!!
Comme nous étions dans le bon quartier, je prends les billets de train pour notre retour vers Tashkent.
Tout cela n’est que billevesées.
Passons maintenant aux choses sérieuses, car le change fait à l’aéroport commence à se faire bien maigre. Nous sommes pourtant dans un quartier très sélect de la capitale , ministères et compagnie, mais pas de distributeur en vue. Ici un distributeur s’appelle « bankomat « . Je demande aux passants en ayant ma carte bleue à la main, mais il est particulièrement difficile d’avoir une réponse claire. Le plus souvent on me dit de chercher une banque et l’on me désigne une direction incertaine. Nous finissons par trouver une de ces fameuses banques. À Boukhara , je n’avais vu qu’un seul distributeur donnant directement sur la rue. Là, il fallait pénétrer dans le hall pour trouver la satanée machine. À la quatrième tentative, j’ai pu enfin tirer cent malheureux dollars US.
Nous rentrons par le Registan en observant les vitrines dans l’espoir de tomber sur une banque ou un distributeur.
Cela nous conduit à jeter un premier coup d’œil sur les trois médersas qui forment un ensemble extraordinaire. Nous repasserons devant de retour de dîner et quand c’est illuminé c’est encore plus beau.
Un dernier effort pour du cash et j’avise un hôtel correct. Je rentre dans le hall pour poser la question et il y avait une machine que rien ne signalait à l’extérieur.
C’est au tour d’Evelyne d’essayer. Elle tape les quatre chiffres de son code, et elle est devenue millionnaire !
Je vous demande de conserver votre calme pendant encore une seconde ou deux, car converti cela représente un peu moins de cent €.
Nous ressortons dîner et à deux pas un restaurant convenable s’offre à nous.
Mais chose originale pour nous , pas de menu. La présentation est soit orale, un peu difficile, soit vous allez au tableau où il y des photos. Soit 7 ou 8 plats. Mais tous ne sont pas disponibles.
Pour les boissons, vous allez vous même à l’armoire réfrigérée.
Tout cela était parfaitement mangeable / buvable pour la modique somme de 8 € pour deux.
Pierre -
Boukhara 3
Boukhara 3
Très agréable surprise ce matin.
Notre hôtesse ayant l’obligation d’enregistrer nos documents d’identité avait remarqué que c’était aujourd’hui mon anniversaire, et donc elle m’a offert une aquarelle, réalisée à l’encre de thé , représentant une caravane arrivant à Boukhara.
Mais quand elle l’eut acquise, elle s’inquiéta de son transport de retour pour la France , après avoir compris que nous voyagions avec des sacs à dos.
Mais Evelyne en encadreuse quasi professionnelle trouva vite la solution. Elle retira la marie - louise qui encadrait l’œuvre, pour ramener celle-ci à sa taille réelle. Une fois roulée , elle put être glissée dans un tube d’aspirine ou équivalent.
Dans la plupart des sociétés ,le don implique le contre don et nous cherchons ce qui pourrait faire plaisir à la compagnie des personnes qui étaient présentes au petit déjeuner. Nous cherchons à savoir si partager une bouteille de vin ouzbeque pourrait atteindre cet objectif. Réponse plus tard dans l’après midi.
En attendant nous mettons à profit la matinée d’un jour qui s’annonce particulièrement chaud pour aller visiter la maison de Faizoullah Khodjaïev.
Cette maison magnifique fut construite par le père de Faizoullah, riche marchand de la ville. Son fils complota avec les soviétiques pour éliminer le dernier émir . Il fut récompenser de cela par le poste de président de la république. Puis il fut finalement liquidé par Staline.
Ce parcours politique un peu particulier doit rentre la complète reconnaissance de l’individu difficile, mais le pouvoir actuel maintien l’ensemble dans un bon état de conservation, car cela reste un magnifique réalisation de la fin du 19 eme siècle.
Comme pour une des façades- porche de mosquée vu hier, ici les niches des pièces de réceptions ont la partie haute décorée en nid d’abeille avec des » stalactites « dont l’extrémité est peinte de couleurs vives. Selon l’imagination du spectateur , vous y voir les rayons du soleil ou les étoiles dans le ciel....
Maison à galerie et colonnades et éloignée de la rue par un grand jardin.
Calme , luxe et volupté.
Autre endroit incontournable de Boukhara , le caravansérail. Quand je dis » le » il faut bien comprendre que dans cet endroit stratégique de la route de soie et en lisière d’un terrible désert, il en existait une quarantaine. Chacun avait sa spécialité. La taille était très fonction de la qualité des marchandises qui s’y traitaient/ entreposaient. Le plan classique autour d’une cour plus ou moins grande où les animaux de bat déposaient la marchandise, un ensemble circulaire de bâtiments. Au Rez de chaussée, voire enterrées ,des caves où les caravaniers entreposaient la marchandise. À l’étage les différents équipages logeaient en attendant de repartir. Dans un grand nombre de cas ,les bêtes étaient mises à la pâture à l’extérieur de la ville.
Le propriétaire du caravansérail était rémunéré par une commission sur le prix de vente, d’où son intérêt à avoir des condition d’entreposage de très bonne qualité.
Point important , la qualité et la solidité des portails que l’on fermait chaque soir.
Jusqu’à maintenant je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de vous parler nourriture . Par exemple ce midi, pour un déjeuner d’anniversaire, Evelyne a pris un ragoût de légumes , en pratique du riz avec des légumes en julienne , délicieux et moi , du bœuf au concombre , bœuf coupé en fine lamelle et concombre à la fois braisé pour une part et cru d’autre part. Pain, eau et un melon, délicieux. 2 cafés . Le tout pour la modique somme de 10 €
Finalement nous décidons de prendre une bouteille de vin local pour régaler la petite assemblée francophone de la guest house. Ici ,si le commerce du vin est licite , les commerces de cette nature ne courent pas les rues . Nous en repérons un, mais renseignement pris, il n’ouvre qu’à 17 heure.
Nous partons au marché pour acheter pistaches, abricots demi séchés et autres petites choses à grignoter .
Aujourd’hui l’été s’installe et marcher à l’ombre commence à être privilégié . Quelle température me direz vous, peut être 35º, mais l’air est très sec, ce qui aide un peu.
Nous voulons donc trouver le marché pour nos petits achats d’apéritif. Tout le monde veut nous faire prendre le bus, estimant que le couple distance/chaleur est tel que cela s’impose.
Mais nous décidons que la marche reste notre mode de prédilection . Nous finissons par trouver notre bonheur.
De retour à la guest house, on nous propose avant ces libations d’aller assister à un spectacle de danses traditionnelles et défilé de mode associés.
Aussitôt dit , aussitôt accepté. Et nous voilà installé dans une grande medressa . Musique et couleurs des costumes forment un spectacle réjouissant sous la température maintenant vespérale . Après le spectacle , Evelyne profite d’un éclair pour acheter un petit haut à la créatrice du défilé . C’est vrai qu’il est très joli et lui va parfaitement.
Retour à la maison , pour ouvrir la bouteille et goûter le vin ouzbek, tout à fait honorable. Et refaire le monde.
Pierre