Guanabo
Pour mettre nos organismes et nos portefeuilles un peu au repos, nous nous dirigeons vers Guanabo, petite station sans prétention à 25 kilomètres à l'est de La Havane.
Toujours à la recherche d'une nouveauté pour vous distraire, nous traversons Habana la Vieja pour aller à l' embarcadère du ferry. Ce n'est le ferry-boat du port de Marseille, mais on s'en approche. La baie de La Havane est une baie très vaste, mais son goulet d'entrée est relativement étroit . Un tunnel routier a été construit depuis longtemps afin d'éviter de faire le tour de la baie, mais pour les piétons et les cyclistes, rien ne peut remplacer le charme de cette antiquité .
Comme ici on fait les choses sans rire, le contenu de nos sacs est contrôlé . Le manuel d'instruction doit être un tiré à part de l'"Oreille cassée" avec le général Alcazar en guest star.
Tout se passe heureusement bien.
Le navire prend son erre.
Nous arrivons sur l'autre rive, appelée "Casa Blanca" . L'embarcation se range le long du quai. Chose étonnante , celui ci est en tellement mauvais état , que les fers à béton utilisés pour la construction sont totalement apparents. Un cycliste septuagénaire , doté d'un vélo de sport, et laissé seul par l'équipage, se présente pour mettre pied à terre. Il tombe entre le bateau et le quai.
Par chance (?) les fers à béton , le vélo et peut être un bras salvateur, empêche l'homme de glisser trop profondément . Cette fois quelqu'un prend son vélo en charge depuis le quai. Plus de peur que de mal.
L'idée de départ était de prendre depuis Casa Blanca le seul train électrique de l'île. Celui ci a été construit en 1917 et en faisait alors l'installation la plus moderne du monde. Son financier était un magnat américain mr Hershey , industriel du chocolat en Pennsylvanie.
Donc le train était bien là, mais il ne circule que trois fois par jour. 4h15, c'était un peu tôt pour nous, et 12h21 c'était un peu tard . Il était 10h. Sachant que l'on vous informe que les horaires n'engagent que ceux qui y croient.
Nous cherchons un taxi.
Il y a une pointe d'humour britannique qui affirme que tout ce qui flotte est un navire.
Ici à partir de deux roues , tout ce qui roule à vocation à servir de taxi.
Une Lada rouge s'arrête donc est nous demande où nous souhaitons aller.
Nous lui répondons "Guanabo" , je lui demande son prix, et c'est ok.
Nous roulons depuis à peine un km, qu'il nous demande :
- Pourquoi Guanabo?
- Je lui répond que c'est pour trouver un peu de calme
- Cela le laisse songeur . Nous trouvons une chambre pour deux jours, mais La propriétaire, nous trouvera un hébergement pour la troisième nuit.
Cette bourgade n'a pas été élue par les promoteurs, mais certains propriétaires ont bien compris comment ils pouvaient trouver leur intérêt dans les réformes sur la propriété privée et déjà de nombreuses villas restaurées ont rehaussé le standing de la station.
Certes il reste énormément à faire . Notamment dans le domaine environnemental. Ici les gens vont à la plage et même se baignent avec une bouteille de bière ou autre alcool , à la main. Une fois celle ci vide , ils la laissent dés qu'ils n'en n'ont plus l'usage.
Parmi les choses plus réjouissantes, nous avons pu observer à un mètre de notre serviette, le travail méthodique d'un petit crabe fouisseur, qui creusait sa galerie dans le sable. On le voyait à intervalle régulier sortir de son trou et faire quelques décimètres pour aller projeter un peu du sable de sa galerie. Comme nous l'avions laissé à son travail pendant une bonne heure, lorsque nous sommes revenus, nous avons constaté, grâce aux traces laissées par ses pattes sur le sol , qu'il organisait cette projection du sable de façon circulaire autour de son trou. Merveilleuse nature.
En avant , toute - Page 92
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Guanabo
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La Havane
La Havane
Cuba a au moins un point commun avec la France, c'est que pour passer de l'est à l'ouest vous devez impérativement passer par la capitale. Mais ici c'est peut être plus justifié car à la hauteur de La Havane, l'île n'a pas une grande largeur.
Et pour passer par La Havane, il faut un bus que le système ne prévoit pas en nombre suffisant pour les voyageurs qui souhaitent les utiliser. Donc si vous voyagez au gré du vent, vous devez accepter les horaires un peu extrême .
Si pour pimenter le tout , vous n'avez pas trouvé à réserver une chambre à l'avance, vous arrivez à destination en période de haute fréquentation , à 20h30 à la gare routière et vous prenez un taxi pour le centre ville.
Et le centre ville, c'est bien sûr la zone favorite des touristes et donc des tours opérateurs qui offrent aux hôteliers un flot régulier de clients, en échange d'un tarif compétitif . Si bien que quand se présente un pigeon, avec encore quelques plumes...
Nous trouvons néanmoins une chambre dans un hôtel d'inspiration soviétique. C'était précisé dans le guide, mais pour vous donner une indication sur la pression touristique et la difficulté actuelle à y répondre, nous avons payé à peu près le double du prix indiqué dans le bouquin!!. Chambre moins bien que une casa particular, petit déjeuner pitoyable, service à l'avenant. En partant je voulais faire une remarque ,désagréable , à la réceptionniste , mais elle était au téléphone en train d'expliquer l'affolement dans tout La Havane, où il ne restait plus une chambre de libre. Nous sommes partis en gardant notre mauvaise humeur pour nous.
Pierre -
Santa Clara
Santa Clara
La nuit fut bonne, comme elle peut l'être quand on est quarante personnes enfermées dans une coque en métal , avec un compresseur qui vous transforme un bus en réfrigérateur .
Prévu pour 22 h , le bus est arrivé à 23 h 45. J'ai crains un moment qu'il ne soit supprimé, et alors là , nous aurions été mal.
Comme j'ai encore la chance de dormir à peu près partout ( ce qui n'est pas du tout le cas d'Evelyne), je ne suis pas en mesure de vous parler de ce parcours sinon que nous sommes arrivés à 9 h.
Comme partout , dès que vous descendez du bus ,vous êtes assaillis de chauffeurs de taxi, de rabatteurs de tous poils, alors qu'il convient , d'abord, de sortir de cet état comateux dans lequel vous a mis le bus.
Si Evelyne ne possède pas encore toutes les subtilités de la langue de Cervantes , elle commence à savoir négocier les tarifs de ces prestataires en puissance. Je la laisse faire.
Elle trouve un taxi, à son prix, et nous voilà en route. Le chauffeur a évidemment une casa à nous proposer. Elle ne se laisse pas détourner de son objectif.
Pas de chance la casa visée n'a pas de chambre de libre. Mais le maître de maison à déjà téléphoné à une amie , à deux pas, qui nous attend.
C'est parfait, nous déposons nos sacs et prenons une douche.
Il est une chose que nous ne voulons pas rater ici, c'est la fabrique de cigares.
Pour ce faire direction Cubatur, qui encaisse l'argent des billets. Puis nous nous dirigeons vers la fabrique. Nous patientons à l'accueil que le car de touristes arrivés avant nous en aient fini. Une guide prend en charge le petit groupe que nous formons avec quelques autres venus en individuel.
Une soixantaine de personnes travaillent à cette fabrication véritablement artisanale et manuelle. Chaque ouvrier possède un petit établi où il assemble les feuilles de tabac qu'il a ,au préalable, été chercher auprès du service des stocks. Ce qu'il prend est inscrit sur une feuille de papier et permettra un contrôle en fin de période .
Une fois confectionné , le cigare est installé avec neuf autres, dans une forme qui servira à la compression. Cette dernière séquence dure 30 minutes.
L'opération suivante va conduire à ajuster la longueur et à coller à l'un des bouts ´ une petite feuille de tabac , bout qui sera coupé par le fumeur.
Ensuite, s'engagent une série de vérification, poids ,diamètre ,éventuellement couleur, afin que le produit à vendre soit conforme au standard.
Face à l'atelier de fabrication se trouve une personne chargée de lire les nouvelles, éventuellement des messages personnels, et lorsqu'il n'y a plus rien à raconter , de lire un livre. Et l'histoire dit que les noms de Monte Cristo , Roméo et Julietta auraient été attribués par le personnel à ces cigares de légende , charmé par la lecture de ces récits.
Nous déjeunons vite fait et poursuivons la quête des lieux remarquables. Et parmi ceux ci figure le musée des Arts décoratifs . Comme vous peut être lu en début de ce récit , celui de Paris étant fermé et celui-là ouvert , il ne fallait pas le rater.
Facile à trouver, il est sur la place principale, Parque Vidal. Il est logé dans une maison coloniale des plus agréables et promet un florilège des arts décoratifs du 18 au 20ème siècle . Et il présente plusieurs pièces dignes d'intérêt , mais chose étonnante pour nous, aucune explication pour aucune pièce présentée .
Cette place Vidal est l'endroit où l'on peut obtenir une connexion internet. Je me pose la question si je ne devrais pas dire " l'endroit où certains peuvent obtenir une connexion internet" . Je connais maintenant deux procédures et aucune ne fonctionne. C'est légèrement énervant , non, c'est positivement énervant .
Nous revenons de dîner, mais je ne suis pas sur d'être en possession de toutes mes facultés , ou tout du moins de celles qui me restent.
Dans la mesure, où notre dernière chambre d'hôtel était sur roulettes et qu'ici le guide évoquait un établissement sympathique....
Nous avions donc réservé une table. Et nous avons bien fait , car outre que l'établissement doit être signalé dans nombre de guide , il est largement à la hauteur de sa réputation.
Tout d'abord , je demande aux défenseur des animaux de détourner le regard et aux adhérents des ligues anti-alcooliques d'aller voir à la cuisine si la soupe est chaude.
Pour les autres, dans un cadre quasi-idyllique de plantes vertes à profusion dans un patio d'une maison coloniale, et avec un service en français , nous avons pu prendre pour une somme dérisoire ,une langouste grillée à la tomate et un cocktail citron vert -rhum ,du genre que l'on qualifie de bien tassé, servi dans des verres à jus de fruit , plein à ras bord ,qui vous font trouver les rues bien étroites .
Je ne sais pas si deux de nos lecteurs ont conservé le souvenir d'une langouste sous les alizés , mais je pense que celles ci s'inscriront dans cette lignée .
Nous regagnons la casa en évitant de chanter dans les rues, par respect vis à vis des populations locales, mais le cœur y est.