Ston

Ston 

Le temps se dégrade très sensiblement. Ce matin , orage carabiné, qui nous a obligé de différer notre départ de 45 minutes, puis après dix minutes de marche  ,à patienter  de nouveau près d'une heure sous l' auvent d'une maison  particulière, que le déluge cesse définitivement.

Nous sommes actuellement dans une région, théâtre de conflits immémoriaux. En regardant un document de l'office du tourisme , j'apprends qu'il existe ici une route Napoléon. Vous imaginez mon étonnement. Rien de commun avec celle qui relie Fréjus à Grenoble, mais elle a quand été construite sur ordre de Napoléon , sous la direction d'Auguste Marmont, qui faisait office de "consul"
 Jusqu'à Dubrovnik, appelé alors Raguse, l'empire français appliquait sa loi.
Mais cette région n'en avait pas fini des caprices des Grands.
 L'empire austro-hongrois, puis la fin du conflit de la première guerre mondiale  tenta de donner à chacun de ces peuples un territoire historique et viable. Découpage que l'on retrouve aujourd'hui!
Exemple pris dans notre périple ce jour. La Bosnie-Herzégovine, a obtenu une façade maritime de 9 kms. Mais pour obtenir  ce résultat .il a fallu interrompre la continuité territoriale de la Croatie. La Croatie est donc un pays en deux territoires séparés par la Bosnie Mais comme les îles et la presqu'île de Preseljac n'étaient pas comprises dans cet accord, les croates mettent en oeuvre un chantier pharaonique pour assurer cette continuité routière en passant d’île en île (bonjour les coûts )  ainsi va la vie!!

Pour nos petits soucis , cela ne tourne  pas toujours,à notre avantage. J'avais trouvé une petite carte de la presqu'île, où nous pouvions gagner dans des conditions favorables notre étape. Mais lorsque nous sommes arrivés à l'endroit où nous aurions du nous engager dans un chemin forestier, aucune indication . Nous n'étions déjà plus très lucides et j'ai manqué d'audace. Résultat des courses + 8 kms au compteur, ce qui n'est jamais plaisant.

Nous arrivons néanmoins à Ston 

Cette petite cité s'enorgueillit de posséder les murailles les plus longues , après la  Grande Muraille de Chine. Après, mais très après!!!
Là ,on compte 5,5 kms d'enceinte, ce qui est honorable, mais très loin de la GM de Chine .
Dans la mesure où nous savons jamais trop à l'avance quelle sera l'étape de demain et comme nous approchons de Dubrovnik, nous discutons de la stratégie à adopter pour demain. Mais la réponse sera pour demain.....

Pierre.

Dracé

Plocé, Trpanj, Drace, presqu'île de Peljesac

Une journée particulière .
Nous vous avions laissé sur les prémices d'un orage. La nuit fut agitée par l'orage, tonnerre, éclairs et pluie violente furent au programme. Sur le matin, j'entendais la pluie tomber au sol avec une violence inouïe . Je me lève pour constater d'éventuels dégâts , mais en réalité mes sens avaient été trompés par le constructeur de la maison. En effet, point de gouttière , mais une gargouille qui précipitait toute l'eau de la toiture directement sur le sol , depuis le 3eme étage . Et comme le toit devait être conséquent , le bruit ainsi émis ne l'était pas moins.
Qu'en était il de notre journée? Nous avions plus ou moins pris , hier soir ,la décision de d'aller à Plocé  en bus, dans la mesure où notre amie la "JM" ne nous offrait aucune alternative. Mais attendre le bus sous une pluie battante n'est pas non plus une perspective très réjouissante .
En fin de compte l'orage s'éloignait , laissant comme séquelle une coupure de courant dans toute la région.
La serveuse du restaurant , hier soir , nous avait indiqué, que le bus passait à 6h 50.
Autant vous dire que nous étions à l'heure , c'est à dire dix minutes en avance, mais sous un ciel presque clair. Un bus finit par nous prendre 7h 25. 
La vue des bas cotés de la route, par endroit en travaux, ne nous a pas fait regretter notre décision.

Trente minutes plus tard nous étions à Plocé. Le guide n'en disait rien,. Ils ont bien raison, car c'est toujours difficile du dire des 'horreurs dans un guide.
Mais ils auraient pu. C'est un ville industrielle , qui importe des minerais 

par son port, de la bauxite entre autres, et qui souffre d'un ralentissement des activités. Pas de ville ancienne pour sauver ce qui pourrait l'être, non rien qu'une ville triste et très dégradée.

Nous avions envisagé d'y dormir, je pense que personne de sensée n'y songerait.
Heureusement notre objectif était de prendre le ferry pour Trpanj, ce que nous fîmes à 10h 15. Une heure plus tard nous y débarquions .

 

C'était la première fois que nous envisagions une randonnée l'après midi. 21 kms au programme . Était ce parce que le temps avait été bien rafraîchi par ce passage orageux
ou parce que cette randonnée était quasi îlienne, l'atmosphère était  plus légere et la température plus agréable.
Nous partîmes d'un très bon pas et nous eûmes la chance d'apercevoir un renard, qui m'a semblé  plus haut sur pattes que ce que l'on voit chez nous (illusion?), puis beaucoup plus rare, une tortue, celle que l'on appelle d'Hermann, de celles que l'on trouvait il y a des années en vente sur les quais ( de Paris). Bien sur, nous lui avons laissé poursuivre son bonhomme de chemin.
Mais marcher à un rythme très soutenu, même si la température a un peu baissé, nécessite les ressources en eau , fraîche de préférence . Et si au départ les deux gourdes ont la même température, celle qui n'est pas encore bue , voit sa température augmentée et n'est plus vraiment agréable et alors une maison accueillante est toujours la bonne étoile du randonneur.
La gourde d'Evelyne est vide. Une maison se profile à notre  droite et  la porte est ouverte.
Je rentre dans le jardin , fais un peu de bruit pour éviter de surprendre l'occupant. Me tenant malgré tout à distance de la porte , je me présente devant elle . Une femme me fait face. Je lui montre ma gourde et lui dit "voda" ce qui signifie eau en croate. Elle me sourit, m'invite à rentrer, me prie de m'asseoir, me remplit ma gourde, me propose de manger quelque chose, en l'occurrence des petits poissons. Ce que je décline. Me demande si je veux un café. Moi ,pas forcement, mais je lui dis que mon épouse restée en bas , dans la rue , certainement . Elle s'écrie qu'il faut la faire monter à l'instant, ce qu'elle fait.
Et à trois nous engageons la conversation que l'on peut avoir avec des personnes retraitées dont les enfants peuvent être loin et partis du matin. De la vie , de la santé . 
Elle parle naturellement l'allemand, mais très bien l'anglais aussi, ce qui nous arrange et permet une conversation.
Mais il n'est de bons instants qui ne s'achèvent , nous la remercions abondamment et nous nous quittons. Encore des instants lumineux qui éclairent une journée, un voyage. Merci Loretta.

Nous arrivons à Drace à 16h 30

Pierre. 

Dvernik

Drvernik

Nous poursuivons notre descente vers le grand sud.
Dans la mesure où le soleil était voilé aujourd'hui et qu'un agréable zéphyr voulait bien rajouter sa touche à ces favorables conditions, nous avons pu dépasser les trente kilomètres 
En outre nous avons eu la chance de parcourir l'essentiel de notre trajet du jour sur des routes parallèles ou des chemins empierrés .

Néanmoins ce ciel chargé allait tourné à l'orage en fin d'après midi.  Pas véritablement de pluie, mais coups de tonnerre sur la mer, ce système orageux étant bloqué par les montagnes qui bordent la côte.
A ce propos,je ne crois pas avoir assez insisté sur la situation particulière de cette partie de la Croatie. 
Deux éléments me semblent utiles à vous préciser .

 

 

 

 

 Tout d'abord, la forme très particulière du pays. Imaginez un pays en forme de croissant, dont la partie occidentale serait très  longue (près de 600 kms) et  allant en s'amincissant. Nous sommes à plus de 200 kms de l’extrémité sud du pays et pourtant là où nous sommes,  "l’épaisseur " n'est plus que de vingt kms. Derrière la frontière commence la Bosnie Herzégovine .

L'autre élément distinctif est le relief de la Dalmatie du Sud  ( nom de la région où nous sommes maintenant)
Depuis plusieurs jours la bande côtière est extrêmement réduite car les montagnes sont omniprésentes et très proches du rivage. C'est un peu comme si la mer venait au pied de la Montagne Saint Victoire.  Ou le même paysage  qu'entre Nice et Monaco  . C'est uniquement quand la montagne se retire un peu qu'une ville ou un village arrive à trouver sa place.
Dans ces conditions notre bête noire, la JM , doit parfois ,elle aussi, escalader la montagne comme la Grande Corniche le fait sur la Riviera.