La Vernarède
Depuis notre passage au col de Thort (1120 m) hier, nous descendons , au sens le plus réel du terme, vers la Méditerranée, mais c'est vraiment depuis Villefort que nous en percevons les conséquences , notamment sur la flore.
Retour des cistes , des digitales en fleurs, des chênes kermès , ce n'est plus la végétation du plateau, mais bien celle du climat méditerranéen .
Et comme nous naviguons entre 450 et 600 m nous trouvons également des fruits murs. Donc premières cerises attrapées sur un arbre qui avait eu la bonne idée de pousser une branche vers nous, et surtout premières fraises des bois, mures. Et pas une ou deux, non , des dizaines. Évidement, c'est doublement délicieux. D'abord ce sont les premières et en plus ce gout inimitable. Seul inconvénient , mineur, c'est que quand on ramasse des fraises , on n'avance pas!! Mais qu'importe, la gourmandise d'abord.
Arrêt à Genolhac, village- rue, pour pique niquer .
Nous marchons bien, Evelyne étant en voie de résoudre ses problèmes de pieds. Re-fraises.
Nous poursuivons notre descente et arrivons à Chambogiraud pour prendre un café.
Depuis quelques heures dèja , nous étions dans une course poursuite avec les orages et nous avions eu jusqu'à maintenant une certaine chance.
Mais à peine avions nous quitté le café qu'un orage d'une violence inouïe s'abat sur la vallée . Eau à seau , grêlons à plusieurs reprises.
Dès les premières gouttes nous avions trouvé refuge sous les arcades, modernes, de la mairie. Et pendant une heure quinze, nous assistons au vacarme assourdissant du tonnerre résonnant entre les flancs de la montagne et au déluge de pluie et de grêle , en fonction des épisodes . Cela ne devait pas etre totalement habituel, car un chien est venu trouver refuge entre nos jambes.
Il nous restait encore cinq kms à faire.
Mais franchement quand je voyais les ruisseaux qui se formaient dans les rues de la bourgade, j'imaginais que les sentiers allaient etre transformés en cascade. Nous évoquons avec Evelyne l'idée de poursuivre sur la route. Cela ne m'enchante guère car la route sera encore mouillée et les pneumatiques des voitures projettent l'eau en fines gouttelettes dont nous serons les bénéficiaires.
La pluie n'ayant pas totalement cessée , nous étions encore dans les conjectures. L'une d'elles pouvant être de faire du stop.
Nous étions là, quand trois femmes , qui sortaient du restaurant regagnent leur voiture. L'une d'elles nous interpelle , pour savoir si nous étions des statues et immédiatement après nous demandent où nous allons. Je leur indique notre destination. Elles ne sont pas vraiment du cru et ne connaissent pas La Vernarède. Suivant probablement leur bon coeur et peut etre un peu aidé par l'euphorie d'un bon repas, elles nous proposent de nous déposer au lieu de notre hébergement .
Devant pareille chance, pas de salamalecs . On dit oui, on monte dans la voiture et en avant.
A La Vernarède , nous rentrons dans le bassin minier cévenole et l'hôtel , où nous sommes , est établi dans la résidence directoriale d'un patron de mine.
Pierre
En avant , toute - Page 102
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La Vernarède
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Villefort
Villefort
Ce matin en ouvrant un oeil, j'ai cru un instant que le soleil brillait. Mais non, j'avais la chance de voir depuis mon lit un versant , proche il est vrai, de la colline d'en face, couvert de genêts qui par ici sont en pleines fleurs.
Mais cessons de pleurer et réjouissons nous car non seulement il n'a pas plu, mais nous avons pu randonner en T-shirt.
Nous avons fait aussi de multiples rencontres animalières .
Cela commença par un chevreuil. Nous descendions dans une sorte de cirque, illuminé par ces genêts qui couvrent les pentes. Nous nous retournons pour admirer le paysage , lorsque l'animal s'élance et se met à aboyer furieusement tout en s'éloignant .
Quelques kms plus loin, c'est monsieur goupil qui passa devant nous. Fier , il ne nous accorda pas la moindre attention. Il était pourtant bien beau dans sa livrée beige.
Evelyne n'a pas grande confiance dans les reptiles et ce n'est pas facile de lutter contre une telle phobie. Je ne sais pas où elle en est aujourd'hui, mais nous avons eu la chance de voir d'abord un orvet. Une bien brave bête , qui bien que nous fuyant, s'en allait à un pas de sénateur, et il a fallu que je l'encourage du baton pour qu'il pressa le pas . Pas d'agression de sa part!
Puis quelques centaines de mètres plus loin, une petite vipère , mais bien agile. Elle aussi le salut dans la fuite!
Puis dans la descente , un reptile non identifié, car je n'ai pu voir que la dernière partie , mais qui n'a pas non plus demandé son reste et assez peu discrètement d'ailleurs.
Nous passons au village fortifié de La Garde Guerin, castrum dèja identifié au 12eme siècle et qui participait à la sécurisation de la Regordane. Puis nous plongeons littéralement sur le lac de Villefort, par le chemin ancien , au pavage aujourd'hui disjoint . Avec un peu d'imagination, vous voyez clairement les muletiers ou les hommes d'armes , monter ou descendre , cette pente si intelligemment dessinnée.
A Villefort, il ne devrait pas y avoir de problème d'hebergement, il y deux hôtels . Les hôteliers sont radieux, toutes les chambres sont dèja prises. Cela se complique un peu. Nous reprenons notre guide et il indique un centre de vacances, un peu à l'extérieur. Allo, avez vous une chambre de libre pour ce soir? Oui. C'est parfait.
Pour demain samedi , nous nous préoccupons de cette question tout de suite.
Pierre -
La Bastide Puylaurent
La Bastide -Puylaurent
Notre intention de départ était de faire une étape raisonnable .
Et tout avait plutôt bien commencé, car le ciel nous faisait son grand spectacle avec du bleu , un peu, du gris , beaucoup, un arc en ciel le tout sur une palette de collines vertes et jaunes.
Nous innovons aussi , car pour éviter les petits chemins creux à l'herbe détrempée , nous utilisons le réseaux des toutes petites routes, voire des chemins carrossables. Mais pour cela , il faut l'aide de locaux secourables pour nous indiquer la route , le chemin, la voie qui nous mènera à bon port.
Nous voyons du bleu dans le ciel, mais il n'est jamais au dessus de nos têtes et nous courrons après. Mais nous avons le sentiment que sous peu , nous le tiendrons entre nos mains.
Nous arrivons à Langogne à 11h 45 et nous mettons en quête d'un lit.
Nous avions en tête de nous arrêter à Luc . Evelyne téléphone et pas de chance , il n'y a plus de place . Bien que je lui suggère de rester à Langogne, cette solution n'a pas sa préférence et elle retient une chambre à La Bastide-Puylaurent. Seul hic , c'est que cela nous fera 40 kms pour la journée. Cela ne fera qu'aggraver les soucis podologiques.
Seule satisfaction, c'est que partis à 7 h45 et arrivés à 17 h 45 et avec probablement 45 minutes de pauses diverses, cela fait une moyenne correcte pour des grands parents.
Ces petits aléas mis à part, nous avons fait une rencontre extraordinaire.
Nous cheminions au coeur d'une forêt entre Langogne et Luc , lorsque j'aperçois un homme au bout du chemin, qui n'avancait pas vers nous, mais nous ne le rattrapions pas non plus. Dans ces conditions nous ne mîmes pas longtemps à être à sa hauteur. Il avait un sorte de boite plate à la main, dans laquelle se trouvait des petites bombes de peinture. Il nous demande si nous avons été satisfait du balisage que nous venons de rencontrer, car c'était lui, le baliseur, qui venait de mettre à jour cette section. Nous l'avons chaleureusement remercié pour le travail effectué car lorsque ce travail ingrat, est bien fait, c'est un réel plaisir pour le randonneur.
Recontre extraordinaire disais-je, car en des décennies de randonnées , c'était la premiere fois que je croisais ces hommes/femmes de l'ombre.
Pierre